Décès du présentateur et écrivain français Bernard Pivot à l’âge de 89 ans

Bernard Pivot, au Musée des Tissus de Lyon, dans le centre-est de la France, le 15 septembre 2017.. AFP or licensors

Le présentateur et écrivain Bernard Pivot, qui a fait lire des millions de francophones grâce à son émission «Apostrophes», est mort lundi à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), en France, à l’âge de 89 ans, a annoncé sa fille Cécile Pivot à l’AFP.

Le 06/05/2024 à 14h08

Resté dans les mémoires un livre à la main et ses lunettes dans l’autre, Bernard Pivot avait également présenté l’émission «Bouillon de culture» et organisé à partir de 1985 les Dicos d’or, un championnat d’orthographe vite devenu international.

Bernard Pivot, qui avait eu 89 ans dimanche, avait eu l’idée d’«Apostrophes» en 1974, après l’éclatement de Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF), qui a donné naissance à nombre de chaînes et de stations publiques indépendantes. Le premier numéro de l’émission est diffusé pour la première fois sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2) le 10 janvier 1975.

Cette émission qu’il anime en direct, après le Concerto pour piano numéro 1 de Rachmaninov, est indétrônable le vendredi soir. On y rit beaucoup, on rivalise d’esprit, on fume et on boit, on s’insulte, on s’embrasse... Le public adore, les ventes de livres suivent. «Apostrophes» dure quinze ans, de 1975 à 1990, suivie par des millions de téléspectateurs, en France comme à l’étranger. Et certains extraits ont toujours un gros succès sur internet.

Sagan, Barthes, Nabokov, Bourdieu, Eco, Le Clézio, Modiano, Levi-Strauss ou encore le président français François Mitterrand seront ses invités. En 1987, il interviewe clandestinement Lech Walesa, alors opposant au pouvoir communiste en Pologne. Facétieux et lecteur minutieux, il soumet ses invités au «questionnaire de Pivot», librement inspiré de celui de Proust.

Avant tout journaliste

D’autres se souviennent de lui, vêtu de la vieille blouse grise des instituteurs, comme celui qui tenta de réconcilier les francophones avec l’orthographe en organisant, à partir de 1985, les Dicos d’or, championnat d’orthographe vite devenu international, et qui s’exporta notamment au Maroc.

En 2004, il est le premier «non-écrivain» coopté au sein de l’Académie Goncourt. Il en devient le président en 2014, avant de s’en retirer fin 2019.

Il a signé trois romans: «L’Amour en vogue» (1959), qu’il ne trouve pas sérieux, «Oui, mais quelle est la question?» (2012) et «…mais la vie continue» (2021), proches de l’autofiction. Il publie également plusieurs essais, sur la langue française mais aussi sur ses deux autres grandes passions: le vin et le football.

Né à Lyon le 5 mai 1935, dans une famille de petits commerçants, Bernard Pivot a passé son enfance dans le Beaujolais (centre-est) et était connu pour être un amateur éclairé des vins de ce terroir. On lui doit notamment un «Dictionnaire amoureux du vin» (Plon, 2006). En football, il était un fidèle de l’AS Saint-Etienne et de l’équipe de France.

Bernard Pivot se définissait avant tout comme journaliste, un métier dont il a connu toutes les facettes. Après des débuts comme stagiaire au Progrès de Lyon, il entre au Figaro littéraire en 1958. Chef de service au Figaro en 1971, il démissionne en 1974 après un désaccord avec Jean d’Ormesson (qui deviendra son invité télé le plus fréquent). Il passe par Lire, Le Point et Le Journal du dimanche.

Quand «Apostrophes» s’arrête, l’infatigable journaliste crée «Bouillon de culture», toujours sur le service public, à l’horizon plus large que les livres. Quand l’émission cesse en juin 2001, le dernier numéro avait rassemblé 1,2 million de téléspectateurs.

Par Le360 (avec AFP)
Le 06/05/2024 à 14h08