Karima Benyaich: «Quand on est ambassadeur de Sa Majesté, on doit être sur tous les fronts»

Karima Benyaich, ambassadrice du Royaume du Maroc en Espagne. (Le360 / Y. El Harrak)

EntretienDiplomate chevronnée et cheville ouvrière du partenariat stratégique entre le Maroc et l’Espagne, l’ambassadrice du Royaume à Madrid décrypte pour Le360 les différentes facettes et les enjeux futurs de la coopération entre les deux pays. Pour elle, la page des tensions passées est définitivement tournée. Entretien.

Le 07/05/2024 à 13h29

Le360: Sous votre supervision, le Maroc a récemment été l’invité d’honneur la 37ème édition du Gourmets, un salon international organisé à Madrid du 22 au 25 avril dernier. Qu’est-ce qu’un tel événement représente pour vous?

Karima Benyaich: C’est un privilège d’être invité d’honneur, et ce, dès la première participation du Maroc à cet événement. D’autant qu’il s’agit d’une exposition de produits raffinés, censée être la vitrine de ce qui se fait de meilleur en matière de produits gastronomiques. C’est important de montrer ce que notre terroir, nos talents et nos entreprises savent apporter. Cela permet de créer des liens non seulement avec l’Espagne, mais avec le monde entier, cet événement étant un salon international.

Ce marché étant à la fois spécifique et des plus exigeants, comment le Maroc peut-il se démarquer, notamment vis-à-vis du marché espagnol?

Avec l’Espagne, nous partageons bien des similitudes en la matière. Cela étant, le Maroc dispose de produits exceptionnels. Il y a les produits de la mer, le safran, les plantes aromatiques… et j’en passe. N’oublions pas que 25% de nos exportations en Espagne concernent les produits agroalimentaires.

À travers vos actions en l’occurrence, le constat est que le rôle du diplomate marocain aujourd’hui dépasse les simples considérations politiques et protocolaires pour s’élargir aux champs économiques et culturels. Une nouvelle tendance?

Quand on est ambassadeur de Sa Majesté, on représente tout le Maroc, dans toutes ses composantes et variétés. Il y a évidemment le volet politique, qui est essentiel, et dans lequel nous sommes très engagés avec des contacts réguliers avec les femmes et hommes politiques des différents bords. Ceci, notamment à la lumière de la nouvelle feuille de route du partenariat entre le Maroc et l’Espagne et des visites effectuées par le président du gouvernement Pedro Sanchez au Maroc, en 2022 et en février 2024. Il s’agit là de mettre en valeur toutes nos potentialités économiques.

Notre mission est de promouvoir ce Maroc en mouvement sous le leadership de Sa Majesté le Roi. Qu’il s’agisse d’économie, de la question nationale (le Sahara, NDLR), de l’évolution des droits de l’Homme, de notre culture, de notre artisanat ou du tourisme. Aujourd’hui, nous avons tous les jours des activités dans ces différents domaines.

Pouvons-nous dire aujourd’hui que la sombre page des tensions entre le Maroc et l’Espagne est définitivement tournée?

Oui, et nous ne pouvons que nous en féliciter. Aujourd’hui, les relations, multisectorielles et multidimensionnelles, entre le Maroc et l’Espagne sont excellentes à tous les niveaux. Elles sont consolidées par les relations étroites qu’entretiennent les Rois Mohammed VI et Felipe VI et plus largement les deux maisons royales.

Le partenariat entre Rabat et Madrid est plus que jamais stratégique. La dynamique est très importante à tous les niveaux. Pas plus loin que la semaine dernière, nous avons reçu le ministre espagnol de l’Enseignement supérieur qui était accompagné de douze présidents de région.

Il y a aussi la perspective de l’organisation conjointe de la Coupe du monde de football en 2030…

Justement, nous avons en face de nous un immense projet d’ampleur mondiale qui réunira trois pays et deux continents. Là, des opportunités exceptionnelles s’offrent à nous. Ce sera un moment historique non seulement pour nos pays, mais pour le football mondial.

Par Tarik Qattab et Youssef El Harrak
Le 07/05/2024 à 13h29