Exclusif. Annulation de Dieudonné: les confessions du producteur

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Le directeur de la salle couverte du complexe Mohammed V de Casablanca a notifié, mercredi 15 avril, aux organisateurs du spectacle, que la salle n’était plus disponible pour "des raisons techniques".

Le 16/04/2015 à 11h46

«Nous avons été stupéfaits de recevoir hier un courrier de la part de la direction de la salle couverte de Casablanca nous expliquant que la salle n’était plus disponible pour des raisons techniques». Sur un ton plein de dépit, l’organisateur du spectacle de Dieudonné qui a souhaité conserver l’anonymat n’en revient toujours pas. La décision d’annuler le spectacle de Dieudonné est synonyme pour lui d’échec professionnel mais aussi d’une opération financière qui va lui coûter cher.

L’homme a pourtant fait les choses dans les règles de l’art. Un contact a été établi fin mars avec la direction de la salle couverte pour leur expliquer le projet de spectacle. Un échange de courrier lui permet d’obtenir l’accord de principe «sous réserve des autorisations nécessaires de la part des autorités». Un coup de fil puis un courrier plus tard lui confirme la disponibilité de la salle pour le 29 avril. «A partir de là, nous avons pu signer avec l’artiste et lancer la vente des tickets en ligne», nous explique le producteur. Mais la lettre du directeur du complexe, datée du 15 avril, est venue réduire le projet à néant. Le360 a essayé de joindre par téléphone le directeur de la salle couverte du complexe Mohammed V pour l’interpeller au sujet de cette volte-face justifiée par des «raisons techniques», mais nos différents appels et messages sont restés lettre morte.

Interrogé sur la possibilité de reporter à une date ultérieure la représentation ou encore de la déplacer vers une autre salle, l’organisateur botte en touche. «Donnez moi une salle sur Casa et je me ferai un plaisir de maintenir le spectacle. La salle de l’Office des changes est inondée, quant au Mégarama sa capacité est limitée à 1000 places. Et faire cela sur trois jours pour respecter nos engagements nous aurait coûté plus cher».

Pourtant, le spectacle promettait une belle opération financière. Il a lui-même été le premier surpris de constater l’engouement des spectateurs pour le one man show de Dieudonné. «Dès le premier jour, nous avons vendu en ligne quelque 1200 tickets. Et au bout de quelques jours, les 3000 places étaient bookées alors que nous n’avions même pas commencé notre campagne de communication». Aujourd’hui, c’est tout ce beau monde qu’il va falloir rembourser. Et ça ne va pas être une franche rigolade: «les tickets ont été vendus par Internet. Les acheteurs sont de Casa, Rabat, Marrakech, Tanger voire d’autres régions du Maroc. Mais nous allons trouver une solution pour procéder au remboursement», tient à rassurer le producteur. Pour lui, cette opération est synonyme de grosses pertes financières. Le prix du ticket fixé à 300 dirhams (600 dirhams pour les places numérotées) incluait une commission du Centre monétique interbancaire (CMI) qu’il va devoir supporter. Autre perte sèche pour l’organisateur: l’avance de 15.000 euros accordée à l’artiste, correspondant à 50% de son cachet. «Nous n’avons pas encore pris contact avec Dieudonné pour lui annoncer l’annulation du spectacle. Nous allons le faire au courant la journée», confie-t-il.

Il faut s’attendre donc à un commentaire bien senti de la part de Dieudonné dont les vannes font généralement mouche. L’artiste tenait vraiment à jouer son spectacle «La bête immonde», que certains peuvent trouver farouchement antisémite, dans le monde arabe. La date casablancaise était inscrite dans une tournée qui incluait la Tunisie, les Emirats arabes unis et le Liban. Il est donc fort à parier que "Casablanca" reviendra dans les prochains sketchs de Dieudo, connu pour rigoler de tout et surtout pour s’en prendre à cœur joie à ses détracteurs. D’ailleurs facebookers et twittos marocains lui ont déjà précédé le pas. Certains parlent de pressions en provenance de la France (l’interdiction par décision judiciaire d'un de ses spectacles à Paris avait créé un précédent), d’autres parlent de pressions israéliennes… Et en l’absence d’explications officielles, toutes les interprétations sont permises.

Par Fahd Iraqi
Le 16/04/2015 à 11h46