Samih Al-Qasim, le poète de la résistance, s'en est allé

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Le grand poète palestinien Samih Al-Qasim est mort ce mardi 19 août, à 75 ans, après une longue lutte contre un cancer qui aura fini pas avoir raison de lui. La disparition de cette icône de la «poésie de résistance» endeuille aujourd’hui la littérature mondiale et, surtout, le peuple palestinien.

Le 20/08/2014 à 19h26

Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre 

Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison 

Tu pilleras peut-être l'héritage de mes ancêtres 

Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres 

Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens 

Tu dresseras peut-être sur notre village l'épouvantail de la terreur 

Mais je ne marchanderai pas 

O ennemi du soleil 

Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines 

Je résisterai. Samih Al-Qacem

Le grand poète palestinien, Samih Al-Qasim, est mort, ce mardi 19 août, à 75 ans, après une longue lutte contre un cancer qui aura fini pas avoir raison de lui. Cette icône de la "poésie de résistance", dont la perte endeuille aujourd’hui la littérature mondiale et, surtout, le peuple palestinien, privés d’une voix unique dont la puissance avait débordé toutes les frontières, aura été, avec Mahmoud Darwich, le fondateur de cette "poésie de résistance" dénonçant l’oppression israélienne et invoquant le retour d’un paradis perdu que parlent encore, dans le désastre, les oliviers porteurs de mémoires violées que le poète convoque : "Grand olivier, Arbre de la paix, Toi qui fus témoin de mes yeux, Toi qui vis naître et grandir mon village / Parle-moi". Et Marcel Khalifé, qui s’en étonnera, prêtera sa voix aux vers de Salim Al-Qacim pour les chanter à travers le monde avec cette prégnante sensibilité et cet indéfectible engagement que partagent deux artistes habités par l’amour de leur terre. Le départ de Mahmoud Darwich, qui quittera la Palestine dans les années 70, ne nuira nullement aux liens unissant ces deux grands hommes qui entretiendront, dès lors, une correspondance d’une force sensible et d’une qualité littéraire inouïes. Né en Galilée, en 1939, dans une famille d’intellectuels druzes, Samih Al-Qasim est resté en Palestine après la création, en 1948, de l'état d'Israël, qu’il a vécue comme une intrusion. Il grandira donc sous le régime militaire israélien qui semait la terreur dans les communautés palestiniennes et effectuera ses études à Nazareth.

Poète engagéPoète engagé, journaliste et ancien membre du Parti communiste, Samih Al- Qasim a souvent subi les affres de la censure, du harcèlement, de la résidence surveillée et de l’incarcération pour ses nombreux recueils dénonçant la violence de la politique israélienne en Cisjordanie et à Gaza ainsi que pour avoir refusé de servir dans l’armée israélienne. Il fut d’ailleurs le premier Druze à résister à cette tentative d’embrigadement dans une armée qui tuait les siens, et son fils suivra son exemple. Mahmoud Abbas rendra hommage à ce grand homme qui, dira-il, de sa "voix haute a défendu le droit, la justice et la terre". Le comité exécutif de l’OLP exprimera de même sa tristesse face à la disparition "d’un grand poète dont le nom est liée à la poésie de la révolution et de la résistance et qui a consacré sa vie à la défense de la culture nationale palestinienne".

Par Bouthaina Azami
Le 20/08/2014 à 19h26