Une découverte sensationnelle

Fouad Laroui. 

Fouad Laroui.  . DR

Vous vous rendez compte ? La personne qui a calligraphié ce Coran a peut-être connu personnellement le Prophète, l’a côtoyé, lui a parlé…

Le 22/07/2015 à 13h13

Ce matin, au petit déjeuner, la BBC m’assène une information sensationnelle : on a découvert, dans les archives de l’Université de Birmingham, des fragments du plus vieux Coran connu. C’est un étudiant anglais qui a mis la main dessus en examinant des cartons contenant de très vieux manuscrits que personne, jusque-là, n’avait examinés. L’analyse au carbone 14 a prouvé que ces fragments datent du milieu du VIIe siècle. Ils sont donc pratiquement contemporains du Prophète lui-même !

Ce qui m’a le plus (agréablement) surpris, c’est la réaction des journalistes de la BBC et des personnes interviewées. Les journalistes (qui ne sont pas musulmans) l’ont annoncé avec un grand sourire et le visage brillant d’excitation. Interrogé par leurs soins, un certain David Thomas, titulaire de la chaire ‘Chrétienté et Islam’ à l’Université de Birmingham, tremblait quasiment d’émotion en disant ceci : « Vous vous rendez compte ? La personne qui a calligraphié ce Coran a peut-être connu personnellement le Prophète, l’a côtoyé, lui a parlé… ». Le dirigeant de la communauté musulmane locale, Mohammad Afzal, avait les larmes aux yeux en parlant d’une découverte historique.

Tout va bien, donc.

Maintenant, imaginons l’inverse. On découvre à Raqqa, capitale du pseudo-califat, ou à Kandahar, au Pakistan, ou chez les Talibans, ou quelque part dans le Golfe, ou dans le fief d’une milice libyenne, ou sous le sabot d’un âne de Boko Haram, un très vieux fragment de la Bible. Combien de temps s’écoulerait entre sa découverte et sa destruction par l’abruti qui l’aurait découvert ?

Voici mes pronostics : Raqqa : une seconde ; Kandahar : dix secondes (le temps de trouver des allumettes), les Talibans : dix minutes (le temps de comprendre de quoi il s’agit) ; le Golfe : une journée (le temps qu’une fatwa arrive par SMS) ; la milice libyenne : deux jours (le temps qu’ils s’écharpent pour savoir quoi en faire) ; Boko Haram : un an (le temps d’apprendre à lire…)

Espérons que beaucoup de trésors de l’humanité reposeront dans les bibliothèques universitaires, loin des griffes des fanatiques et des ignorants…

Par Fouad Laroui
Le 22/07/2015 à 13h13