Haddad relance le débat sur l'alcool

Lahcen Haddad, ministre du Tourisme.

Lahcen Haddad, ministre du Tourisme.

Revue de presseKiosque360. La vente d'alcool au Maroc est un sujet qui fait toujours polémique. Le ministre du Tourisme relance le débat.

Le 07/12/2013 à 00h15

"Non à l’interdiction de l’alcool". C’est le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad qui le revendique dans "L’interrogatoire" du numéro de Telquel de cette semaine. En plein débat sur la taxation de l’alcool, le ministre est d’avis que "la prohibition crée l’inverse de l’effet voulu". Exemple : "Quand l’alcool a été interdit à Bejaâd, le commerce illicite s’est développé et les crimes ont augmenté". Pour Haddad, la question de l’interdiction de la vente d’alcool aux musulmans est "ambiguë". Et de préciser qu'"il n’est écrit nulle part sur votre carte nationale que vous êtes musulman ou non", lançant ainsi les prémices d’un nouveau débat sur le sujet.

Un "clandestin infatigable"

En attendant, le constat est tel que "le vin" et l’alcool en général "a toujours été un clandestin infatigable", comme le rapporte Mohamed Houbaida, professeur d’histoire sociale à la faculté des lettres de Kénitra sur les colonnes du magazine Zamane. Dans sa dernière édition, le mensuel revient sur l’histoire du "vin marocain" révélant notamment le rôle de ce produit prohibé par la religion dans l’économie nationale. Selon Houbaida, "avec l’indépendance, la consommation d’alcool se présente comme une affaire économique en devenant une source importante de revenus, aussi bien pour les entreprises que pour l’Etat". Et de souligner qu’aujourd’hui, "l’Etat cumule des bénéfices importants du commerce d’alcool". A en croire le magazine, "le pays compte 14 appellations d’origines garanties (AOG), reconnues sur le marché mondial". Pour autant, poursuit Zamane, "le marché local n’est pas délaissé. Sur les 400.000 hectolitres de vin produits annuellement, 85% sont vendus au Maroc".

Depuis l'arrivée du gouvernement Benkirane au pouvoir, la taxation de l'alcool est en marche. Une démarche motivée surtout par des raisons purement économiques. Autrement dit, renflouer les caisses de l'Etat. Les propos du ministre du Tourisme sur cette question sonnent comme une alerte adressée à l'Exécutif de ne pas trop forcer la dose afin de ne pas pénaliser les touristes étrangers.

Par Sophia Akhmisse
Le 07/12/2013 à 00h15