Lydec, Redal, Amendis… L'autre voie pour sortir les devises

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Au-delà des dividendes, les maisons mères des délégataires des services de distribution d’eau et d'électricité recourent à d’autres subterfuges pour rapatrier des centaines de millions de dirhams. Des prestations techniques surfacturées pointées par le rapport de la Cour des comptes.

Le 03/12/2014 à 11h38

Contrairement à ce que l’on a tendance à penser, les societés délégataires des services de distribution de l’eau et l’électricité ne sont pas de gros distributeurs de dividendes. En effet, depuis le début de la gestion déléguée jusqu’à fin 2013, les trois délégataires -que sont Lydec, Redal et Amendis- n’ont distribué à leurs actionnaires que 2,27 milliards de dirhams de dividendes. Mais, d’après le rapport de la Cour des comptes, l’assistance technique permet de rentabiliser l’investissement des maisons-mères, bien au-delà des previsions annoncées. Le rendement par action assez modeste reste donc valuable pour les seuls actionnaires marocains…

Pour le cas de Lydec (détenue à 51%) par Suez, le rapport des magistrats de Driss Jettou souligne que "la rémunération a dépassé les projections financières du contrat, conduisant à un taux de rentabilité interne (TRI) de 25,6% avec assistance technique, alors que les projections financières ont été établies sur la base d’un TRI de 15 % aux risques et périls du délégataire". Et d’ajouter que : "les montants ainsi transférés durant la 1ère décennie s’élèvent à plus de 900 MDH". Comparé aux 1,59 milliard de dirhams de dividendes sur 15 ans, on se rend compte que la maison mère est plus que choyée à coup de facturation d’expertise sur la base d’un barème dont elle a le secret.

402 MDH dévoyés chez Redal

Chez la Redal, le constat est le même. Le rapport pointe des facturations qui ne correspondent pas à de réels services. Au total, les services facturés par la maison-mère sans contrepartie totalisent quelque 402 millions de dirhams à fin 2012. En effet, le rapport relève que "les dépenses relatives à la contribution-recherche au profit de l’assistance étrangère, d’un montant de 114 millions de dirhams à fin 2012, sont effectuées sans réel transfert de savoir-faire en faveur de la gestion déléguée". De même, "les missions d’assistance technique, d’un montant global au 31 décembre 2012 de 22 millions de dirhams, sont facturées sans service fait". Des dépassements sont recensés, d’un montant de 49 millions de dirhams, dont 26 millions de dirhams imputés dans des comptes non dédiés à ce type de dépenses. De même, "un règlement d’un montant de 140 millions a été effectué au profit des actionnaires, alors qu’il est comptabilisé en tant que droit d’entrée et correspond à l’assainissement du passif du délégataire sortant". Enfin, "il a été procédé au paiement indu de 49 millions de dirhams correspondant à des frais d’intermédiation au profit d’un actionnaire du groupe au titre de l’opération du prêt bancaire". On se retrouve donc avec un total de 402 millions de dirhams, dont la destination est sujette à controverse. Et quand on sait que les dividendes sur les 14 dernières années n’ont pas dépassé les 327 MDH…

Chez Amendis enfin, le rapport Jettou souligne que "la totalité des frais du savoir-faire et d’assistance technique d’un montant de 17,9 millions de dirhams libellés en devises ne sont appuyés d’aucune pièce justifiant le service fait". En somme, même si la distribution de dividende reste faible, il ne fait aucun doute que l’assistance technique offre une très belle compensation qui n’a pas échappé aux magistrats de la Cour des comptes.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 03/12/2014 à 11h38