RAM: la compagnie au coeur de la polémique "pay to fly"

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Une émission de "France 3" implique la RAM dans la polémique autour des pilotes qui paient des compagnies pour compléter les heures de vols nécessaires pour se faire embaucher. Des sources proches de la RAM indiquent à le360 que la compagnie compte porter plainte pour "les fausses accusations".

Le 27/03/2016 à 17h21

C’est un nouveau scandale qui rattrape une fois encore la RAM. Dans une émission diffusée mercredi 23 mars, la chaîne de télévision France 3 a traité du problème des pilotes de ligne qui sont obligés de payer pour avoir le maximum d'heures de vols et étoffer ainsi leur CV . La RAM est citée parmi les compagnies les plus complaisantes à ce sujet.

Dans le secteur aérien, il est en effet quasiment impossible pour un pilote de se faire embaucher dans une grande compagnie s’il ne dispose pas d’un minimum d’heures de vols, environ 500 heures généralement.

Pour répondre à cette condition, des cabinets spécialisés offrent la possibilité à ces pilotes de rejoindre des compagnies et réaliser ainsi le nombre d’heures de vols nécessaires pour se faire embaucher. Bien entendu, le pilote a une redevance à payer soit directement à la compagnie, soit au cabinet en question.

La surprise dans l’émission, c’est que ses auteurs ont pu filmer en caméra cachée un des cabinets les plus connus dans ce domaine proposer à un pilote «novice» un contrat chez la RAM pour réaliser 500 heures de vols comme co-pilote en contrepartie de 62.000 euros. L’agent du cabinet précise bien que ces heures de vols seront réalisées sur des vols au départ du Maroc vers des destinations européennes.

Le comble dans cette histoire, c'est que le cabinet précise bien au pilote que certaines compagnies exigent des évaluations préalables, mais que ce n’est pas le cas de Royal Air Maroc. Cette dernière aurait d’ailleurs déjà accueilli trois pilotes avec l’intermédiation du même cabinet.

Le problème dans cette affaire n’est pas que la RAM se fasse payer pour donner leur chance à des pilotes étrangers (chose assez courante dans le domaine, paraît-il)... Le vrai sujet, c'est que cette accusation laisse supposer que la RAM confie ses avions à des pilotes sans expérience, mettant ainsi en danger la vie des passagers. D’ailleurs, l’émission en question n’a pas manqué de faire le lien entre les «pilotes payants» et des accidents d’avions intervenus par le passé.

En attendant une réaction officielle de la compagnie nationale sur cette affaire, des sources proches de la RAM expliquent à le360 qu’elle aurait très mal pris les accusations qui lui sont portées dans l’émission et qu’elle s’apprête déjà à lancer une procédure judiciaire contre le cabinet en question vu que «Royal Air Maroc n’a jamais travaillé avec ce cabinet».

Les mêmes sources indiquent que la RAM accueille bien des pilotes «payants», mais pas dans les conditions présentées dans l’émission. «Une évaluation a bien lieu avant que ces pilotes n’embarquent dans des vols. Mieux encore, ils passent par des sessions de formations très poussées». 

Selon nos informations, au moins une dizaine de pilotes étrangers ont eu droit à des heures de vols chez la RAM ces dernières années. «Il faut aussi souligner qu’à aucun moment ces pilotes n’ont eu la responsabilité de l’avion. Ils n’embarquent même pas comme co-pilotes, mais seulement comme des accompagnateurs de l’équipage», souligne notre source.

Quoi qu’il en soit, cette affaire suscite beaucoup d'intérêt, notamment dans les réseaux sociaux où la RAM subit des critiques virulentes. Ce qui devrait logiquement la pousser à s’expliquer sur le sujet assez rapidement.

Par Younès Tantaoui
Le 27/03/2016 à 17h21