Tabac: la guerre des gangs

L'Etat a bien réussi son coup. Désormais, les cigarettiers eux-mêmes, sont obligés de s'infliger une hausse des prix pour maintenir leurs marges

L'Etat a bien réussi son coup. Désormais, les cigarettiers eux-mêmes, sont obligés de s'infliger une hausse des prix pour maintenir leurs marges . DR

Revue de presseKiosque 360. La Société marocaine des tabacs et British American Tobacco usent et abusent d’inventivité dans leur concurrence pour gagner toujours plus de parts de marché. Les détails d’une lutte incandescente.

Le 28/05/2015 à 01h44

La Commission nationale d’homologation du tabac vient de transmettre la liste des prix de cigarettes qui devrait être publiée dans le Bulletin Officiel du 1er juin. Et, comme à leur habitude, les distributeurs ont demandé l’introduction de nouvelles références ou encore un réajustement des prix. Pour autant, selon L’Economiste dans son édition du 28 mai, la Société marocaine des tabacs (SMT) n’envisage pas d’introduire de nouvelles références sur le marché.

L’opérateur «historique» dispose déjà du catalogue de marques le plus complet. Pour lui, le principal challenge consiste surtout à consolider ses parts de marché. En revanche, ce distributeur a réclamé le feu vert pour la commercialisation de nouvelles marques de cigares et de cigarillos, ainsi que le réajustement de certains prix. La SMT a également proposé une hausse des prix de ses cigarettes brunes Casa Sport.

Sans foi, ni loiBritish American Tobacco, quant à elle, envisage de lancer de nouvelles variantes de ses produits, dont certaines sont déjà disponibles sur le marché. Il s’agit de paquets de Dunhill Fine Cut et de Rothmans de 100 et 200 cigarettes. Deux produits confectionnés au Maroc. Une décision de British Tobacco qui ressemble à s’y méprendre à un pied-de-nez à la SMT et son choix de commercialiser son produit phare Marquise en paquet de 100 unités au lieu de 20, pour le prix de 95 DH au lieu de 102,50.Un produit principalement destiné à la vente au détail et censé consolider les parts de marché. Cela permet également au détaillant de réaliser une marge bénéficiaire de 50% au lieu de 6% pour les buralistes et de 3 à 4% pour les distributeurs. Alors que de nombreux détaillants vendent d’autres marques de cigarettes en dépit de la loi en vigueur qui l’interdit formellement, British Tobacco tente à son tour sa chance aussi bien sur ce terrain que sur celui du tabac à rouler, sous-taxé par rapport aux cigarettes. Une autre manière de voler dans les plumes de la SMT et Japan Tobacco, qui vendent du tabac à rouler à travers les marques Gauloise, Marquise et Winston.

La commercialisation des paquets de 100 et 200 cigarettes, qui devrait s’étendre à tous les opérateurs, est aussi une réaction à l’interdiction de vendre des paquets de 10. Mais Gauloise parvient à passer à travers les mailles du filet. En effet, les paquets de cette marque contiennent deux compartiments distincts de 10 cigarettes chacun, que de nombreux buralistes vendent séparément. Comme quoi, tous les coups sont permis, même les plus fumeux.

Par Sanae El Asrawi
Le 28/05/2015 à 01h44