«Le Franco-marocain» Ali Lmrabet joue au persécuté à Genève

DR.demainonline

Invité pour une conférence tenue dans la capitale suisse, le 22 juin, Ali Lmrabet semble avoir apprécié le pays helvétique. Le journaliste Franco-marocain a entamé une grève de la faim devant le siège de l’ONU pour protester contre le non-renouvellement de ses pièces d’identité marocaines.

Le 01/07/2015 à 14h30

Il ne lui en a pas fallu plus d’une conférence pour reprendre goût à son statut d’opposant. Invité à un panel organisé par France Liberté aux Palais des Nations à Genève, autour de la thématique du Sahara, Ali Lmrabet semble avoir apprécié les délices suisses au point de vouloir camper dans le pays helvétique. Depuis le 24 juin, il a entamé une grève de la faim, annonce une dépêche l’AFP mise en ligne mardi 30 juin.

Le journaliste trublion déclare à l’agence «ne plus boire que de l'eau et du thé, avec du sel et du sucre». Une recette qui semble convenir à ce spécialiste des grèves de la faim. Sur les 365 jours de l’année 2003, Lmrabet en avait passé 85 (soit plus que le quart) en état de jeûne avec deux grèves de la faim au compteur. La raison évoquée pour ce nouvel acte du grand show de Lmrabet: «Le refus des autorités marocaines de lui renouveler sa carte d’identité». Et selon lui, si le Maroc refuse de lui renouveler ses papiers, c’est juste pour l’empêcher de relancer ses journaux au royaume, aujourd’hui qu’il a «purgé» sa condamnation à dix ans d’exercer le journalisme prononcée en 2005. Pourtant, lui qui a créé plusieurs journaux durant sa carrière est bien placé pour savoir que si le but des autorités était celui-ci, elles se seraient pris avec plus de finesse. Accorder un dépôt légal pour la publication d’un journal passe par plusieurs étapes durant lesquels ce «makhzen», que Lmrabet pense être totalement dédié à lui compliquer la vie, pourrait intervenir…

Si les péripéties de Lmrabet avec le renouvellement de sa carte nationale n’ont pas encore livré tous leurs secrets, tout dans son attitude laisse supposer qu’il s’agit d’une action préparée d’avance. L’intervention de Lmrabet pendant la conférence de "France Liberté" a été marquée par deux sorties. Primo, l’intéressé s’est montré d’une insolence inouïe vis-à-vis du roi Mohammed VI en le mettant sur un pied d’égalité qu’un Mohamed Abdelaziz. Ali Lmrabet s’est exprimé en ces termes : « Je serais très content de réaliser une interview avec le roi Mohammed VI, à l’instar de celle que j’ai effectuée avec le président Abdelaziz ». Secundo, il a insisté sur cette histoire de renouvellement des papiers et avait même annoncé qu’il serait «le premier journaliste sans papiers dans son pays». L'u de ses soutiens, Christian Viret (président du Bureau international pour le respect des Droits de l’Homme au Sahara occidental) avait même déclaré que le non renouvellement des papiers de Lmrabet pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’image du Maroc. Désormais, on sait qu’ils ont mis leur menace à exécution…

La grève de la faim orchestrée de Ali Lmrabet en face du siège de l’ONU n’a visiblement qu’un seul objectif: faire de ce journaliste le Abraham Serfaty des temps modernes et renvoyer du Maroc l’image d’un pays toujours adepte de pratiques d’une ère révolue. Surtout que Lmrabet n’a cure de sa carte d'dentité nationale (CIN). Lui-même déclare l’AFP que sa pièce d’identité «lui a été dérobée par des policiers en 2012». Et si aujourd’hui, il cherche à la renouveler, c’est juste parce que son passeport marocain a expiré le 25 juin et que sa liberté de mouvement se retrouve rétrécie. Sauf que là aussi, Lmrabet ne fait que tromper son monde. Et la tromperie est révélée par l’agence même où Lmrabet est parti se plaindre. La dépêche de l’AFP est intitulée : «Un journaliste Franco-marocain privé de pièces d'identité par Rabat en grève de la faim à Genève». Le fait que ce binational dispose d’un passeport français, qui lui permet d’aller où il veut, est d’ailleurs un secret de polichinelle. Ce qui bat en brèche cruellement sa disposition à vouloir s’ériger en citoyen apatride.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 01/07/2015 à 14h30