La Mauritanie en quête d’un dialogue constructif

DR

La mouvance présidentielle appelle à la tenue d’un dialogue politique afin de décrisper la situation tendue qui prévaut en Mauritanie. Toutefois, vu les divergences des partis de l’opposition, la tenue du dialogue risque de tourner court.

Le 01/12/2015 à 23h26

«Nous sommes décidés à instaurer un dialogue politique inclusif, sans conditions préalables, impliquant toutes les formations de la majorité et de l’opposition», passage vers une démocratie apaisée, propice à la poursuite du processus de développement économique et social. Ces propos ont été prononcés par le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, à l’occasion d’une conférence de presse organisée au cours de la soirée du samedi 28 novembre, dans la ville de Nouadhibou (465 kilomètres au nord de Nouakchott).

Cette cité portuaire et minière abritait les activités marquant la célébration du 55ème anniversaire de l’indépendance nationale.

Mais au-delà de la détermination de la profession de foi sur la nécessité d’une concertation nationale inclusive, le dialogue politique en Mauritanie ressemble encore à une véritable «Arlésienne» avec un chemin bourré d’obstacles.

Le "Oui, mais" de la CUPAD

Ces peaux de bananes sont illustrées par le «Oui, mais» de la Coalition unie pour une alternance pacifique et démocratique (CUPAD), entité composée de trois partis issus de l’opposition dite modérée.

Il s’agit du Parti El Wiam, de l’Alliance Populaire Progressiste (APP) et de Sawab.

Le leader d’El Wiam, Bodiel Ould Houmeid, député et ancien ministre, déploie d’énormes efforts en faveur de la tenue d’un dialogue national.

Quant au patron de l’APP, actuel président du Conseil économique et social (CES), figure historique de l’opposition sous le mandat de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, il rejette toute idée de dialogue sans l’autre composante de l’opposition.

La frange, dont le vieux leader exige la présence autour de la future table de négociations, est constituée par le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), un collectif de onze partis politiques, plusieurs dizaines d’organisations de la société civile, centrales syndicales et une trentaine de personnalités indépendantes.

En fait, les composantes de cette Coalition sont globalement favorables au principe du dialogue avec le pouvoir en réponse à une proposition émanant du ministre, secrétaire général du gouvernement, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.

Les risques d'implosion du FNDU.

Mais l’affaire bute sur la réticence du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et de deux autres partis alliés.

Le parti dirigé par Ahmed Ould Daddah, opposant historique, plusieurs fois candidat malheureux à la présidentielle, n’accorde aucune once de crédit aux engagements du pouvoir car son chef a été déjà roulé dans la farine de la "rectification" (euphémisme désignant le putsch du 6 août 2008).

Un «accident» suivi de l’accord de Dakar, signé en juin 2009, qui a permis l’organisation de l’élection présidentielle le 18 juillet 2009, synonyme de retour à l’ordre constitutionnel, après une grave crise politique et institutionnelle.

Une rencontre pouvoir/FNDU est de plus en plus envisageable au cours des prochains jours. Mais elle comporte de forts gros risques d’implosion du collectif de l’opposition, qui pourrait ainsi se retrouver orphelin du RFD, sa véritable locomotive, notent les observateurs.

Par Le360
Le 01/12/2015 à 23h26