Abdelilah Benkirane et le Roi Salman: le baise-épaule de trop!

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Revue de presseKiosque360. L’image montrant Abdelilah Benkirane embrassant respectueusement l’épaule du roi d’Arabie saoudite Salman Ibn Abdelaziz, à son arrivée à l’aéroport Ibn Battouta, à Tanger, enflamme les réseaux sociaux et les esprits. Une tempête de critiques secoue la toile.

Le 04/08/2015 à 21h55

Abdelilah Benkirane a-t-il réellement commis une «bourde» protocolaire en embrassant l’épaule du roi d’Arabie Saoudite Salmane Ibn Abdelaziz, à son arrivée, dimanche dernier, à l’aéroport Ibn Battouta, à Tanger, en provenance de sa résidence de vacances en Côte d’Azur, en France? La question enflamme les réseaux sociaux et taraude les esprits depuis dimanche dernier, au point de faire des vagues sur la toile bleue.

«Benkirane suscite la colère des jeunes usagers de Facebook en embrassant l’épaule du roi Salman Ibn Abdelaziz», titre ainsi Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce mercredi 5 août. «La majorité des internautes n’apprécient pas la manière jugée humiliante dont le chef du gouvernement a salué le roi saoudien Salman Abdelaziz», ajoute le quotidien arabophone qui souligne que les réactions ont été dans leur grande majorité assez critiques quant à la façon exagérée dont Abdelilah Benkirane a voulu signifier son respect et son estime au souverain saoudien.

«L’usage protocolaire veut que les hôtes du royaume du Maroc soient accueillis avec du lait et des dattes», estime, à l’envi, le commun des commentateurs, qui trouve que le chef de l’Exécutif marocain a usé et quelque peu abusé de «courbettes» pour accueillir l’hôte du royaume.

Voilà ce que pensent les internautes du baise-épaule de Benkirane, du moins la majorité d’entre eux. Qu’en est-il maintenant de la réaction d’Abdelilah Benikrane?

Baise-épaule : Benkirane persiste et signe

Contacté par Akhbar Al Yaoum, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, s’est dit «étonné» par cette vague de colère enclenchée sur la toile, précisant avoir simplement voulu témoigner son respect au Serviteur des Lieux-saints, le roi Salman Ibn Abdelaziz. «Je ne connais pas d’autre manière d'exprimer mon estime au souverain saoudien», a-t-il plaidé, regrettant que le baise-épaule ait donné lieu à tant d'interprétations.

«Le roi Salman Ibn Abdelaziz a, tout d’abord, l’âge de mon père », a ajouté Abdelilah Benkirane. Il est, ensuite, le roi de l’Arabie Saoudite qui abrite les Lieux-saints de l’Islam, ce qui représente à mes yeux une forte symbolique», a-t-il encore fait valoir. De plus, «il est un grand ami du Maroc et de Sa Majesté le Roi Mohammed VI», a déclaré le chef du gouvernement. «Il nous aime et nous l’aimons et, après tout, c’est ainsi que j’avais l’habitude de saluer le regretté roi Abdellah et il n’y a pas de raison que je change de méthode aujourd’hui.» Et de préciser, en soulignant les "liens exceptionnels" qui unissent les deux royaumes: «Ne vous attendez pas à ce que je salue le roi d’Arabie Saoudite comme je salue les autres chefs d’Etat arabes».

Benkirane aurait-il pu se passer de ce baise-épaule ?

Autre son de cloche rapporté par Akhbar Al Yaoum, celui de l’universitaire Abderrahim El Allam, spécialiste des questions politiques. «J’ai ressenti une profonde humiliation en regardant le chef du gouvernement faire des courbettes devant le roi d’Arabie saoudite et je trouve exagérée la manière dont il l’a accueilli», a confié Abderrahim El Allam, estimant qu’Abdelilah Benkirane aurait bel et bien pu se passer du baise-épaule, d’autant plus que l'hôte du royaume était en visite privée.

Pour Akhbar Al Yaoum, ce «geste» pourrait être expliqué par une volonté de rapprochement des islamistes marocains et saoudiens, d'autant que Ryad s’est ouvertement opposée à l’arrivée au pouvoir des islamistes en Egypte, pour ne parler que de ces derniers.

En général, les rapports entre les Frères musulmans et les monarchies du Golfe sont tout sauf un long fleuve tranquille. «Peut-être Benkirane a-t-il voulu signifier que les islamistes marocains se démarquent des Frères musulmans et ainsi dissiper les craintes», suppose Akhbar Al Yaoum.

Par Ziad Alami
Le 04/08/2015 à 21h55