Benkirane II sans Salaheddine Mezouar?

DR

Revue de presseAlors qu'on pensait l'annonce du gouvernement imminente, voilà que les négociations concernant les futurs postes ministériels reprennent de plus belle. Cette fois-ci, c'est Salaheddine Mezouar qui est dans le collimateur du PJD.

Le 12/09/2013 à 21h00

Annoncera, annoncera pas... Cette semaine, la presse a passé son temps à osciller entre informations et rumeurs concernant l’annonce (ou pas) du gouvernement Benkirane II. Un fait d’actualité sur lequel des hebdomadaires reviennent une fois de plus dans leurs éditions de cette fin de semaine à paraître ce vendredi 13 septembre. Maghrib Al Yaoum y consacre même sa couverture et en fait ainsi son dossier de la semaine. Dans ses colonnes, l’hebdomadaire arabophone n’y va d'ailleurs pas de main morte et reprend carrément les propos tenus par certains leaders du parti de la lampe à l’encontre de Mezouar : "La crédibilité de cet homme sur la scène publique est terminée et nous allons tout faire pour qu’il n’y revienne pas". Et le magazine de souligner qu’il y a effectivement, actuellement, de fervents opposants au retour de Mezouar.

Mezouar, un moindre mal ?

Plus loin, l’hebdomadaire déclare que "Benkirane a besoin de la pression de la rue et de la presse pour que Mezouar ne reprenne pas en main le ministère de l’Economie et des finances". A en croire des sources internes au PJD citées par Maghrib Al Yaoum, "si la pression ne fait pas effet, les négociations actuelles mèneront l’ex-ministère de Nizar Baraka entre les mains du président du Rassemblement des indépendants". Chose que déplorent les membres du parti de la lampe à chaque réunion avec leur chef de fil, Abdelilah Benkirane. Le magazine cite également le numéro 2 du mouvement unicité et réforme (MUR - bras idéologique du PJD), Mohamed El Hilali, qui déclare que "l’arrêt des négociations à l’heure actuelle vaut mille fois mieux que la nomination de corrompus au ministère des finances".

De son côté, l’éditorialiste Al Ayam temporise, et dans une lecture à froid de ces aléas politiques, estime que "l’entrée de Mezouar au sein du gouvernement Benkirane II reste un moindre mal" : "Il est néanmoins très clair que la présence du parti de l’Istiqlal dans un gouvernement islamiste est plus proche d’un accord qu’une alliance avec le RNI qui a mené une campagne acharnée contre le PJD, tant pendant la campagne électorale qu’après la formation du premier gouvernement". Mais, se résigne à conclure l’éditorialiste : "En politique, tous les coups sont permis".

C’est bien à cela que nous assistons depuis le début de la crise gouvernementale. D’abord entre Benkirane et Chabat (SG de l’Istiqlal), censés être alliés mais qui n’ont pas hésité à se lyncher mutuellement, ensuite entre Benkirane et ceux qui s’apprêtent aujourd’hui à rejoindre "ses" rangs. Difficile de comprendre ces jeux d’alliances politiques sans prendre en considération tous les éléments de l’échiquier. Rappelez-vous au début de la crise, Mezouar niait son intention de rejoindre un parti contre lequel il avait déjà eu des heurts. Il en était de même pour le PJD qui aujourd’hui doit trouver une solution à ce casse-tête politique. Le prochain gouvernement se fera-t-il avec ou sans Salaheddine Mezouar ? Tous les scénarii sont possibles.

Par Sophia Akhmisse
Le 12/09/2013 à 21h00