Bouteflika, ce qu'en dit la classe politique marocaine

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Entre ceux qui se manifestent et ceux qui commentent discrètement l'état de santé du président algérien, la classe politique marocaine espère surtout un meilleur avenir pour les deux peuples.

Le 21/05/2013 à 00h19, mis à jour le 21/05/2013 à 13h59

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la classe politique marocaine n’a pas tous les regards braqués sur l’Algérie, en attendant la très mauvaise nouvelle. Néanmoins, face aux rumeurs insistants concernant la santé de Abdelaziz Bouteflika, certains hommes politiques ont été poussés par la presse à réagir publiquement en souhaitant un "prompt rétablissement" au président algérien, tandis que d’autres espèrent voir naître un "meilleur avenir pour les deux peuples".

Tour d’horizon des politiques

Contactés par Le360, des responsables du PJD ont refusé de commenter les rumeurs concernant l’état de santé du chef d’Etat algérien. Ils se sont contentés de lui souhaiter succinctement "un prompt rétablissement". Concernant la discrétion des autorités algériennes, un intellectuel marocain, juriste de carrière, estime, de son côté, que le black-out observé par le pouvoir "n’est pas une surprise". "C’est une attitude d’un Etat non démocratique", a estimé Mourad Bekouri. Pour cet avocat de Rabat, "la première chose qu’aurait fait un Etat démocratique, c’est de publier régulièrement des communiqués sur la nature exacte de la maladie et sur le suivi médical du chef de l’Etat. Au lieu de rassurer l’opinion et de dire la vérité, les Algériens vivent sur des rumeurs. La censure et la répression contre les journaux sont des méthodes révolues qui nous rappellent les pratiques de l’ère stalinien", poursuit Bekouri.

Abdellatif Ouahbi, chef du groupe parlementaire du Parti authenticité et modernité (PAM) a souhaité à Bouteflika une prompte guérison, espérant que l’Algérie progresse dans "le calme et la stabilité". Et d'ajouter : "J’ai confiance en la sagesse des Algériens. Je souhaite des réformes (…) afin que les étapes démocratiques dans toute la région (du Maghreb) ouvre la voie pour bâtir l’Union du Maghreb arabe et ce, dans l’intérêt des peuples maghrébins". Du côté du Parti du progrès et du socialisme (PPS), on espère que "Dieu le guérisse". "Notre parti continue de souhaiter que les relations entre l’Algérie et le Maroc puissent s’améliorer", a affirmé un responsable du PPS sous le couvert de l’anonymat.

Les défis à relever

Un autre représentant de la coalition gouvernementale, Saïd Ameskane, membre du Mouvement populaire (MP), a aussi souhaité "longue vie" au président algérien, observant que "toute chose dans la vie à malheureusement une fin". "Les deux pays ont un différend sur le Sahara marocain, ce qui les divisent aux côtés d’autres raisons. Maintenant il y existe des défis à relever avec le Sahel, théâtre d’Al-Qaïda et du terrorisme. Nous sommes appelés à œuvrer main dans la main dans un processus sérieux assurant la coopération, le progrès et la stabilité".

Un militant istiqlalien juge que Abdelaziz Bouteflika reste une "image emblématique du Maghreb et essentiellement dans celle des rapports algéro-marocains". "On lui souhaite longue vie mais si la destinée de Dieu veut qu’il meurt on ne peut que tourner la page de l’histoire en espérant que l’avenir entre les deux pays et les deux peuples soit meilleur", a déclaré Mohamed Zidouh, membre du Conseil national de l’Istiqlal, dont le secrétaire général Hamid Chabat ne cache pas son hostilité à l’égard du pouvoir algérien. En effet, lors du dernier meeting du 1er mai, Hamid Chabat a provoqué le pouvoir algérien en rappelant que le parti de l’Istiqlal revendique les régions de Tindouf et de Béchar, deux régions algériennes que ce parti considère comme faisant partie intégrante du Maroc.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 21/05/2013 à 00h19, mis à jour le 21/05/2013 à 13h59