Ces «malades» qui nous gouvernent!

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Kiosque360. Ils sont impulsifs, paranos, mégalos, schizophrènes … et ils (nous) gouvernent ! Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Comment ont-ils atteint le sommet ? Petit tour de ces «malades» qui décident pour nous.

Le 01/11/2014 à 07h04

Cela fait un demi-siècle que cette discipline existe : la psychologie politique. Elle a donné naissance à tout un métier : les «profileurs politiques», qui observent les leaders, analysent leurs discours, traquent leurs lapsus, dissèquent leurs gestes… Seulement voilà, ce métier ô combien utile pour démonter et comprendre les ressorts psychologiques de ceux qui décident pour nous n’a pas fait encore son entrée dans notre pays. En attendant, Akhbar Al Yaoum se livre volontiers à l’exercice, dans son dossier politique paraissant dans son édition weekend sous ce titre révélateur : «Ces malades qui nous gouvernent». Le déclic ? Une scène digne des querelles de chiffonniers dont le théâtre ne fut autre que le Parlement, lors de la rentrée parlementaire, le 10 octobre ! A peine le Roi a-t-il terminé son discours inaugural que deux valeureux députés se mirent à échanger, à défaut d’idées, des coups de poings ! Vous auriez reconnu le SG du Parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat, et le député PAM Abdelaziz Lebbar. «Mais qu’est-il arrivé à nos politiques ?». «Qu’est-ce qui pousse le SG d’un grand parti politique comme l’Istiqlal à perdre son self-control et en venir aux mains ?». «Pourquoi un parlementaire rodé et érodé par tant d’années de députation a-t-il menacé de se suicider après être entré dans une hystérie?». Autant de questions auxquelles Akhbar Al Yaoum tente de trouver des éléments de réponse en dressant des portraits de ces «fous» qui nous gouvernent. «Benkirane l’hésitant», «Chabat… le complexe du cycliste», «Driss Lachgar… le charisme perdu», «Mezouar… l’énigmatique» … Forcément, ces petites piques ne vont pas plaire à nos politiques. Mais ne sont-ils pas, finalement, des êtres humains comme nous ? Sont-ils alors infaillibles ? Les faits sont têtus. Leurs auteurs, aussi.

Benkirane, «pas audacieux» !

Contrairement à l’image de «l’homme fort» qu’il veut donner de lui, «le Chef de gouvernement est un personnage indécis voire peu entreprenant», dissèque Akhbar Al Yaoum, qui se base sur le diagnostic de cet enseignant de la psychologie sociale, Abderrahim Amrane. «Le Chef de gouvernement a un contrat avec la société et s’est engagé politiquement à concrétiser plusieurs décisions lors de sa campagne électorale. Mais il s’est montré trop lent voire trop réticent pour les réaliser», relève l’universitaire, en pointant un «manquement aux engagements» que le chef de l’Exécutif a faussement attribué à «l’existence de contraintes». Autre fait curieux, Abdelilah Benkirane n’est pas «audacieux» comme le penseraient nombre de citoyens. Il invoque souvent sans les nommer les «démons» et les «crocodiles», pour justifier son incapacité à prendre telle ou telle décision. D’ailleurs, on lui reproche beaucoup de ne pas faire usage des nombreuses prérogatives que lui confère la nouvelle constitution. Une incapacité cachée de manière à peine voilée sous un discours délibérément populiste. Il n’en garde pas moins des atouts dont cette remarquable capacité à communiquer, cette «volonté d’en découdre avec les adversaires » et cette «passion pour la politique datant de sa prime jeunesse».

Lachgar/Chabat, vrais-faux «zaïms» !

«Le rapport à autrui est l’une des clefs des personnalités de Hamid Chabat et Driss Lachgar, respectivement SG du Parti de l’Istiqlal et Premier secrétaire de l’USFP», révèle Akhbar Al Yaoum. «Le complexe du cycliste», pour commencer. «S’il est admis que la moitié du Parti de l’Istiqlal est aristocratique, Chabat, lui, se revendique d’une idéologique syndicale basée sur la revendication et la protestation», explique le chercheur Abderrahim Amrane, en estimant que «l’ancien cycliste» ne se définit que par rapport à la confrontation. «L’homme souffre du manque de charisme, c’est pourquoi il aime tant à s’identifier aux leaders historiques, en rassemblant autour de lui le plus grand nombre de militants. Il est obsédé par l’image du guide se faisant entourer de disciples», constate le chercheur Khalid Bekkari. A la faveur de cette manie, «le nouveau zaïm se démarque des autres par un excès de populisme, ses joutes politiciennes, sans penser aux conséquences que cela peut induire», fait remarquer le chercheur. Idem pour Driss Lachgar, qui partage avec son allié Chabat cette propension à «s’inventer» un charisme à la mesure de celui d’El Youssoufi , Elyazghi ou Allal Al Fassi. «Lachgar veut créer une psychologie dont le pilier est l’ego politique surdimensionné, en essayant de se faire passer comme l’héritier légitime et le prolongement des anciens leaders», décortique Abderrahim Amrane.

Mezouar, l’énigmatique

«Le basketteur qui a tout fait, de la gestion sportive à l’action diplomatique en passant par le militantisme associatif», décrit Akhbar Al Yaoum, en pointant «une personnalité énigmatique». «L’une des clefs de la personnalité de Mezouar est la multiplicité de ses talents, il peut jouer plusieurs rôles et il a un excès de confiance», analyse le chercheur Réda Mehassni. Cela dit, l’actuel ministre des Affaires étrangères sait saisir les belles opportunités et se montrer au moment opportun pour les embrasser. Preuve en est que le SG du RNI a su négocier très confortablement la participation de son parti au gouvernement Benkirane, après le départ du Parti de l’Istiqlal. «Mezouar évite la confrontation et la redoute, mais il sait comment tirer profit des contextes», certifie Mehassni, en évoquant un vrai «sniper» des belles occasions. N’est-ce pas là le fort du politicien ?

Par Ziad Alami
Le 01/11/2014 à 07h04