Crise entre Rabat et Paris: Le rôle de Fabius

Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères.

Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères. . AFP

Les événements tragiques qui secouent Paris remettent en question la politique étrangère de la France. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, est montré d’un doigt accusateur.

Le 10/01/2015 à 11h23

Après les déclarations de l’ancien ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, qui a regretté, dans une récente interview au Figaro, «le manque de coopération entre la France et le Maroc, notre principale source de renseignement», voilà que les médias français pointent le rôle joué par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, dans la crise entre les deux pays. Sous le titre, «France-Maroc : le problème Fabius», le magazine L’Express dénonce, dans son édition de cette semaine, le rôle joué par le chef de la diplomatie française dans la provocation et l’entretien de ce «long hiver glacial» que traversent les relations franco-marocaines depuis février 2014.

D’après le magazine, Fabius est un allié inconditionnel de «l’Algérie socialiste» avec qui il tente de nouer des liens économiques et à qui il s’évertue, au mépris de la communauté d’histoire et d’avenir ayant toujours lié le Maroc et la France, à octroyer le statut de «gendarme de la région». «A cause de la politique fabiusienne, la relation n’est plus au beau fixe entre les deux proches alliés », constate l’Express, qui certifie: «La relation diplomatique entre la France et le Maroc, d’ordinaire bien cadrée, traverse une période plus délicate aux dépens d’abord de la quiétude française ».

«Loyal mais pas subordonné. Fabius a noué une alliance politique avec le Président qui lui permet de compter», explique à l’Express un responsable au Quai d’Orsay, en ajoutant que «le fait de laisser Fabius en roue libre a aussi des conséquences néfastes». Sur les relations franco-marocaines plus précisément, et sur Paris particulièrement tant et si bien que cette dernière a multiplié les couacs depuis l’arrivée de Fabius au Quai d’Orsay, dont l'interpellation d'un haut responsable marocain. L’ancien ministre de l’Intérieur Charles Pasqua a taclé, sans le nommer, l’actuel chef du Quai d’Orsay, en pointant clairement du doigt « l’irresponsabilité française dans le gel de la coopération policière entre Rabat et Paris ».

Fabius, la diplomatie du pire«En politique, quand ça va mieux, c’est ennuyeux », croit savoir Laurent Fabius, cité par l’Express. «Une raison pour laquelle il cultive des relations distantes avec Rabat et adopte une opinion ambivalente de Normand sur les sujets qui fâchent dont celui nodal pour le Maroc : le dossier du Sahara». De plus, «Fabius a toujours fait en sorte que ses liens soient quasi-inexistants avec l’entourage du Roi Mohammed VI», déplore une source au Quai d’Orsay.

«Il faut dire que Fabius est un homme revanchard. Il n'avait pas gobé que la presse révèle une mésaventure subie par le casino de Marrakech, au Maroc, à cause de Thomas Fabius, son fils, connu pour ses frasques à répétition », épingle l’Express, en indiquant qu’à l’inimitié d’une certaine gauche à l’égard du royaume vient se greffer des considérations personnelles. «Afin d'éponger ses pertes au jeu, après un séjour arrosé dans la ville ocre, Thomas Fabius a été contraint de laisser en gage une montre de luxe. Problème : la montre s'est avéré être du toc. Le casino a déposé plainte pour "tentative d'escroquerie". La police marocaine s'est saisie de l'affaire et avait alerté aussitôt ses collègues de l'Hexagone. Depuis, le train de vie de Fabius fils est scruté à la loupe, ce qui a été considéré assez futilement par Fabius comme une attaque ad hominem contre sa personne», relate le magazine, en ajoutant : «C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la divulgation de la fameuse lettre envoyée par Laurent Fabius à son homologue marocain. Datée du 20 novembre 2013, il expliquait être intervenu à sa demande auprès de l'administration du travail, pour faciliter l'obtention par sa fille d'une autorisation de travail en France. Un coup de canif irresponsable qui en dit long sur la mentalité complotiste de Fabius».

Par Ziad Alami
Le 10/01/2015 à 11h23