Daach: révélations sur l’action du FBI dans le nord du Maroc

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Revue de presseKiosque360. Deux équipes du Bureau fédéral d'investigation, FBI, se sont rendues à Fnidek et à Sebta pour se renseigner sur l’efficacité des mesures prises, de part et d’autre, afin de stopper l’hémorragie des départs vers «l’Etat islamique» en Irak et en Syrie. Révélations.

Le 15/12/2014 à 09h37

Des informations précieuses commencent à être ébruitées au sujet de la visite effectuée, il y a trois semaines, par deux équipes du Bureau fédéral d’investigation, le FBI, à Fnidek et à Sebta. Selon le journal espagnol El Pueblo, relayé par Akhbar Al Yaoum, dans son édition de ce lundi 15 décembre, cette visite est intervenue suite à des informations faisant état de financement par d’ex-barons de la drogue de Sebta des départs de leurs concitoyens de Fnidek vers «l’Etat islamique» en Irak et en Syrie. «Les extrémistes de Sebta ont joué un rôle important dans la facilitation des départs de plusieurs dizaines de jeunes de Fnidek vers la Syrie», rapporte le quotidien, sur la foi de révélations recueillies sur place auprès d’un officier de police marocain. A ce sujet, le responsable sécuritaire évoque des «instructions» données aux services en exercice dans le nord du royaume afin de «pointer» nombre de personnes, originaires de Sebta, de Fnidek et de Tétouan, et s’enquérir de leurs modes de transit et de la nature des rapports qui les lieraient. Ces instructions interviennent alors que les services de la BNPJ mènent une vaste opération de ratissage dans la ville de Fnidek. Mais, pour l’heure, «cette opération n’a pas donné lieu à des interpellations, encore moins à des arrestations», indiquent les sources d’Akhbar Al Yaoum. Une chose reste sûre : «N’eût été l’intervention des extrémistes de Sebta, la ville de Fnidek n’aurait pas connu une telle hémorragie de départs vers le soi-disant Etat islamique en Syrie et en Irak». Une vérité qui aura vraisemblablement motivé la visite des enquêteurs du FBI, venues vérifier l’efficacité des mesures prises, de part et d’autre, afin de verrouiller la possibilité de départ, via la Turquie, de pas moins de 500 nouveaux candidats au Jihad vers l’organisation terroriste d’Abou Bakr Al Baghdadi, Daach, acronyme arabe de «l’Etat islamique».

Fnidek, source d’approvisionnent de Daach en jihadistes«Aucune autre ville marocaine n’a autant retenu l’attention des services de renseignement que celle de Fnidek, devenue le plus grand réservoir de candidats au jihad en Syrie et en Irak», relève Akhbar Al Yaoum, en dévoilant que «pas moins de 200 jeunes issus de Fnidek combattent actuellement aux côtés du présumé Etat islamique». A cette information alarmante, vient s’ajouter encore celle-ci, tout aussi terrifiante : «Il convient de souligner que le premier Marocain à avoir rallié Daach en Syrie est originaire de la ville de Fnidek». Il s’agit en l’occurrence du dénommé Abdelmajid Majdali, auquel s’est joint, en mars 2012, un second habitant de Fnidek répondant au nom de Mohamed El Yassini. «Depuis, le nombre des partants a augmenté de façon impressionnante pour plafonner, en mars 2014, à 200 personnes», constate Akhbar Al Yaoum, en indiquant que le nombre des départs de Fnidek aurait triplé si les autorités marocaines n’étaient pas intervenues pour verrouiller l’accès à la Turquie, pays de transit vers le prétendu «Etat islamique» en Irak et en Syrie, aux jeunes candidats au jihad issus de Fnidek.

De Sebta à Fnidek, un pont nommé extrémisme«Depuis 2010, nombre de barons de la drogue résidant à Sebta ont renoncé à leur trafic pour se convertir dans l’activité de prédication», explique Akhbar Al Yaoum. «Après avoir fait main basse sur les mosquées de Sebta, ils ont mobilisé des fonds importants pour s’assurer la dépendance de leurs disciples», enchaîne le quotidien, en ajoutant que ces fonds ont été injectés dans une vaste opération de financement des départs des candidats au jihad vers la région syro-irakienne sous contrôle de Daach. Une opération qui a amené les services marocains, en collaboration avec leurs homologues espagnols, à assécher ces sources de financement, ce qui aurait contribué, en grande partie, à diminuer le nombre des départs. Seulement voilà, cet effort sécuritaire, pour important qu’il soit, n’était pas suffisant, estime le quotidien, en expliquant qu’il fallait aussi agir contre les «idées daachiennes» et la fascination d’une partie de la jeunesse de la région pour le soi-disant «Etat islamique». D’autant plus que, face au tour de vis sécuritaire, les candidats au jihad peuvent se redéployer dans le royaume pour perpétrer, in situ et voire au-delà,, des attentas terroristes. L’éventualité d’opérations suicides contre des tankers traversant le Détroit de Gibraltar n’est pas exclue. La visite des équipes du FBI à Fnidek et à Sebta s’inscrirait dans cette perspective. Mieux vaut prévenir que guérir. 

Par Ziad Alami
Le 15/12/2014 à 09h37