Le pétrole, le nerf de la guerre de Daach!

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Revue de presseKiosque360. La coalition antiterroriste internationale a beau viser Daach au portefeuille, en ciblant les raffineries sous son contrôle, le pétrole n’en continue pas moins de couler, pour le plus grand bonheur d’Abou Bakr al-Baghdadi et ses sbires.

Le 25/11/2014 à 07h15

Comment l’argent du pétrole nourrit-il la force de frappe et la résistance du soi-disant «Etat islamique»? Une bonne question que tout le monde se pose et à laquelle répond le prestigieux quotidien britannique, The Guardian, repris par Al Massae, dans son édition de ce mardi 25 novembre. Voilà ce que pèserait la manne pétrolière en provenance des puits et autres raffineries sous contrôle du présumé «Etat islamique»: 2 millions de dollars par jour.

A l’évidence, un montant ahurissant va dans les poches d’Abou Bakr al-Baghdadi et compagnie, malgré les efforts herculéens de la Coalition antiterroriste internationale pour le viser au portefeuille. «Les frappes de la coalition contre les réservoirs et les raffineries tombées entre les mains de Daech n’ont réussi qu’à réduire légèrement les exportations, au lieu d’en stopper l’hémorragie», reconnaît la Maison Blanche, à l’origine même de cette campagne de frappes anti-Daach. «Six mois après la conquête d’immenses territoires en Irak et en Syrie, l’Etat islamique a réussi à créer un véritable empire pour écouler, via un réseau assez complexe de trafiquants, du pétrole en Turquie, Jordanie et en Iran», révèle la publication britannique, en indiquant que «les combattants de Daach contrôle environ six puits de pétrole, qu’ils ont pu mettre en marche et exploiter en un temps record avant de faire appel aux réseaux qui s’adonnaient depuis des années au trafic de carburants dans le nord de l’Irak». «De juillet jusqu’à octobre dernier, l’essentiel du pétrole était évacué vers le Kurdistan irakien, avant d’être acheminé vers la Turquie et l’Iran, où il était bradé à des prix modiques». Ce qui aurait poussé les Etats-Unis à faire pression sur les autorités du Kurdistan afin de resserrer l’étau autour des trafiquants. En vain. Le pétrole continue de couler jusqu’en Turquie et Iran, voire au-delà. Recueillant des témoignages de trafiquants de carburants, «The Guardian» révèle que le pétrole irakien arrive jusqu’en Jordanie.

Les sous et les dessous d’un trafic très juteux!

«Nous achetons une citerne de carburants de 26 à 28 tonnes pour 4200 dollars, et nous la revendons en Jordanie moyennant 15.000 dollars», dévoile cet ex-officier du renseignement de Saddam Hussein, converti en trafiquant d’or noir. Selon d’autres ex-officiers des services de Saddam Hussein, le présumé «Etat islamique» exploiterait la proximité d’Al Anbar, région irakienne frontalière avec la Jordanie, en tant que pôle principal, pour exfiltrer du pétrole à des prix préférentiels. A cet effet, trois puits seraient mis à profit: Ajil (nord de Tikrit, ville natale du défunt Saddam Hussein), Kyiara et Hamrine.

Un responsable à Kirkouk, région se trouvant sous le contrôle des Kurdes, a révélé que 435 tonnes de pétrole avaient été extirpées du puits d’Ajil pour être acheminé vers Al Anbar, avant d’être détournées vers la capitale jordanienne, Amman», rapporte The Guardian, en relevant que ce trafic ouvre bien des appétits et séduit de plus en plus de responsables, y compris des militaires qui plus est en guerre ouverte avec les combattants de Daach. Parmi eux, figureraient même des hauts gradés kurdes et des milices chiites. De l’or noir à ce prix peut trouver preneur n’importe où, y compris en Europe. Pas plus tard qu’en septembre dernier, une ambassadrice tchèque a largué une véritable bombe à la face de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, à Bruxelles : «Malheureusement, des Etats membres de l’Union européenne achètent ce pétrole»! Entre du pétrole à bon prix et des déficits de 3%, ils n’ont pas eu l’embarras du choix!

Par Ziad Alami
Le 25/11/2014 à 07h15