Le roi Mohammed VI refuse de s'entretenir au téléphone avec le président nigérian

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Le roi Mohammed VI a rejeté une demande des autorités nigérianes pour un entretien téléphonique entre lui et le président nigérian Goodluck Jonathan. Le comment du pourquoi.

Le 06/03/2015 à 18h01

C’est un niet ferme et catégorique que le roi Mohammed VI a opposé, ce vendredi 6 mars, à une demande des autorités nigérianes pour un entretien téléphonique entre le souverain et le président de la République du Nigéria, Goodluck Jonathan.

«Les autorités nigérianes, à travers la Présidence de la République, ont introduit une demande pour un entretien téléphonique entre le Président de ce pays et Sa Majesté le Roi», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, diffusé ce vendredi 6 mars.

Par la même occasion, le souverain a rejeté la demande des autorités nigérianes pour l’envoi d’un émissaire du président Goodluck Jonathan au Maroc, ajoute le comuniqué, en expliquant que «SM le Roi n’a pas jugé opportun d’accéder à cette demande du fait que sa démarche est liée à des échéances électorales importantes dans ce pays et pourrait faire croire à un rapprochement entre le Maroc et le Nigéria, et en raison des positions de ce pays à l’égard des causes nationales et arabo-musulmanes sacrées».

Il en ressort, toujours selon le communiqué du MAEC, que «la demande des autorités nigérianes s’apparente plus à un acte de récupération de l’électorat musulman de ce pays qu’à une démarche diplomatique normale».

Une manœuvre au relent électoralo-politicien

Le camouflet royal infligé à cette offre «biaisée» de dialogue met à nu la démarche «anormale», pour ne pas dire malsaine, des autorités nigérianes, davantage motivée par des considérations électoralistes que par une réelle volonté de rapprochement. En effet, le président sortant de la République du Nigéria, Goodluck Jonathan, est depuis février au cœur d’une tempête de critiques en raison du report de «six mois» des élections présidentielles et parlementaires, prévues initialement du 14 février au 28 mars. De nombreux Etats, personnalités et organisations, avaient dénoncé le report de ces élections, comme les Nations unies et l’Union européenne.

Ce vendredi, le président Jonathan tentait encore de rassurer la communauté internationale en promettant à des diplomates en poste à Abuja que lesdites élections ne subiraient pas un nouveau report. Mais il y a peu de chances que les «assurances» du président Jonathan soient audibles. D’autant plus que le chef d’Etat nigérian a invoqué des raisons peu convaincantes pour justifier ce report, surfant ainsi sur le spectre que fait planer l’organisation terroriste de Boko Haram pour s’assurer une longévité au pouvoir.

C’est dans ce contexte qu’intervient la demande d’entretien avec le roi Mohammed VI, rejetée par le souverain parce qu' excipant d’un opportunisme inadmissible ,visant plutôt à récupérer le prestige dont jouit le souverain auprès de la communauté africaine ,qu’à jeter les ponts d’une réelle normalisation avec le royaume du Maroc.

Et ce n’est pas tout ! Comme le souligne le communiqué du MAEC, le président nigérian a péché par une hostilité légendair à la cause de l’intégrité territoriale du royaume. Et pour s’en apercevoir, il n’est qu’à méditer sur les sorties improbables du Représentant adjoint permanent du Nigéria auprès de l’ONU, Usman Sarki pour ne pas le nommer, au sujet de la question du Sahara marocain. Alors que la tendance en Afrique est au retrait de la reconnaissance de la chimérique «RASD», ce pays continue de servir la soupe à la thèse indépendantiste du Polisario et de l’Algérie. Et tant qu’à parler de cette entité séparatiste, faut-il rappeler que, en octobre 2013, la capitale nigériane, Abuja, avait abrité cette soi-disant «Conférence africaine de solidarité avec le peuple sahraoui» ? Faut-il rappeler encore que ladite conférence avait été inaugurée par le discours du président Abdelaziz Bouteflika, scandaleux et ouvertement hostile au Maroc ?

Tout bien considéré, la démarche de monsieur le Président nigérian est incohérente. D’où la mise au point énergique du roi Mohammed VI.

Par Ziad Alami
Le 06/03/2015 à 18h01