Maroc-Egypte: Une séparatiste à l’origine de la crise

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Elle s’appelle Nanat Lebbat Errachid, est originaire de la tribu Rguibat Tahlat et s’autoproclame poétesse et écrivaine défendant la cause du polisario. En réalité, elle sert de trait d’union entre le régime algérien et des journalistes égyptiens acquis à la thèse des séparatistes du polisario.

Le 04/01/2015 à 13h20

Le 23 juillet dernier, un journaliste égyptien du nom de Mohamed Amine Al-Masri avait publié, dans la revue Al Ahram, un rapport intitulé: « En images, Al Ahram Al Arabi dans la république oubliée de Oued Eddahab. Mohamed Abdelaziz, secrétaire général du front du Sahara: le combat armé est envisageable ». Dans cet article, l’auteur s’arrête sur les détails de son séjour dans les camps de Tindouf sans pour autant faire montre de la neutralité censée marquer le travail du journaliste professionnel, usant de propos acerbes et émettant des jugements de valeur sur ce qu’il a qualifié de "justesse de la cause du peuple sahraoui".

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Selon l’auteur de l’article "il est naturel que tous les membres de la délégation saluent la position algérienne au vu de ce qu’on a constaté de visu en tant que témoins oculaires du soutien indéfectible d’Alger aux réfugiés sahraouis qui vivent dans leur deuxième pays, sans jamais renoncer à leur cause nationale et à la libération de leur territoire…". Il a également relaté sa rencontre avec Mohamed Abdelaziz qu’il a qualifié de "président d’Etat" : "Le président sahraoui Mohamed Abdelaziz a voulu que la rencontre soit chaleureuse et décidé d’accueillir personnellement la délégation de journalistes au siège de sa résidence. Fin connaisseur du Sahara, il a réalisé que la délégation était épuisée et abattue du fait de son programme intense et chargé par les rencontres officielles et populaires savamment concoctées par la poétesse sahraouie Nanat, coordinatrice de la mission et meilleure ambassadrice de son pays", écrira-t-il en effet.

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La femme que notre journaliste a qualifié de meilleure ambassadrice de son pays a puisé dans les fonds du régime algérien pour couvrir généreusement et gracieusement toutes les dépenses de son déplacement, le séjour et l’argent de poche des membres de la délégation de journalistes égyptiens, composée, entre autres, du journaliste Mohamed Amine Al-Masri et d'un autre journaliste du quotidien Al Jomhouria, au nom de Hamza Al-Houssaini. Celui-ci a emboité le pas à son confrère en proférant des allégations montées de toutes pièces contre le Maroc.

Qui est Nanat Errachid ?Elle aime que son entourage l’appelle la "poétesse révolutionnaire". En réalité, elle mène une "révolution" d’un autre genre et dans un autre espace. Une "révolution" dans les salles rédactionnelles de plusieurs tribunes de presse égyptiennes. Selon les informations recueillies par Le360, Nanat avait poursuivi ses études primaires dans les écoles "9 juin" et "12 octobre", dans les camps de Tindouf, avant de décrocher son Baccalauréat au lycée algérien "Belabbès".

Après son retour dans les camps du polisario, elle a exercé au centre des affaires culturelles à la wilaya de Rabbouni où elle a occupé les fonctions de Arifa et d’auxiliaire administrative pour devenir ensuite la responsable de communication au sein de l’Union nationale des femmes sahraouies. En 2008, elle sera nommée directrice du centre Martyre Naâja Ali Ibrahim de l’information et de la culture. Elle est également directrice de la maison d’édition l’Harmattan-Rassid. D’après des sources proches de son entourage, Nanat a des liens de parenté avec la famille Ouled Errachid. Sa grand-mère paternelle n’est autre que la sœur de Hamdi et de Khalihenna Ould Errachid.

L’avenir des relations ?Les gouvernements marocain et égyptien ont préféré garder le silence tout au long des deux derniers jours. Nonobstant, une source diplomatique égyptienne a fait observer que, même si Nanat Ould Errachid fait la promotion de la thèse séparatiste avec le soutien de journalistes égyptiens, il n’en demeure pas moins vrai que ses manœuvres n’auront aucun impact sur l’excellence des relations entre Rabat et le Caire. "On ne laissera pas ces énergumènes affecter l’excellence de nos relations avec le Royaume", a assuré cette source à le360, ajoutant que "le tir a été rectifié et que les relations bilatérales reprendront leur cours normal dans un proche avenir".D’un autre côté, une source de haut niveau a affirmé que "la réaction marocaine est intervenue après les multiples contacts entre la presse égyptienne et le régime algérien qui ne lésine pas sur les moyens financiers pour soutenir la thèse des séparatistes, le but étant de promouvoir la cause sahraouie auprès de l’opinion publique égyptienne et arabe en général". Et d’ajouter que "les relations bilatérales vont en s’améliorant et qu'il est fort probable que cette guéguerre médiatique entre les deux pays cessera".

Par Hicham Alaoui
Le 04/01/2015 à 13h20