Nouvelle crise entre Rabat et Madrid?

dr

Revue de presseKiosque360. Une nouvelle crise maroco-espagnole en perspective? Un rapport secret élaboré par l’Etat-major espagnol laisse en effet entendre que Rabat aurait violé une convention bilatérale relative aux «frontières» au niveau du préside occupé de Melilla.

Le 14/12/2015 à 22h53

Elaboré en début de ce mois de décembre, le rapport, qui sera incessamment soumis au roi Felipe VI, fait savoir que «le Maroc a mis la main sur une bande de 11,5 km autour de la ville de Melilla et que certains points de surveillance marocains se situent tout près des murs barbelés espagnols. Ce qui est une violation de la convention de 1892». Selon les termes de cette convention, une zone tampon de 500 m avait été instaurée à l’intérieur du territoire marocain, pour être ensuite réduite de concert à 200 m, précise le journal. Un responsable de la police des frontières de Nador a indiqué que les autorités marocaines avait été informées de l’existence de ce rapport. Elles n’ont cependant toujours pas livré d’informations quant à l’existence de forces marocaines dans cette zone. Citée par le journal, une source souligne, à ce propos, que la direction suprême des forces armées espagnoles à Melilla avait établi ce rapport, destiné à l’état-major de Madrid sur demande de ce dernier, «pour confirmer que le royaume du Maroc respectait bien les frontières historiques, comme convenu entre les deux Etats». Or, les relevés topographiques compilés dans le rapport susmentionné signalent que la zone tampon «se trouve bel et bien sous domination marocaine». Pour sa part, le Maroc affirme que les conventions historiques ne peuvent altérer les réalités géographiques et que la position du royaume est claire à ce sujet, sachant que les deux villes de Sebta et Melilla, ainsi que d’autres îlots, sont des présides occupés par l’Espagne. Ceci dit, les autorités marocaines, comme le fait savoir une source d'Akhbar Al Yaoum, ont traité avec bonne foi cette question de zone tampon. Selon cette même source, Rabat estime d'ailleurs que "la nécessité d’agir sur le terrain contre certains problèmes, notamment l’immigration illégale, exige des actions rapides pour endiguer les infiltrations et ce, dans le cadre des engagements du Maroc envers ses partenaires européens. Sinon, les autorités marocaines ne pensaient pas que Madrid s’attachait encore, à la lettre, aux termes de la convention de 1892". Et d’ajouter qu’il est fort probable que l’Espagne demande au Maroc, par voie diplomatique, de se retirer de la zone tampon. Cependant, étant donné les antécédents, les forces marocaines devraient rester vigilantes. Des incidents viennent, de temps à autre, secouer les relations bilatérales entre Rabat et Madrid, comme en 1985 ou encore en 1999. Le dernier clash entre les deux pays remonte à 2002, lorsque l’Espagne avait réagi militairement à l’installation par le Maroc de vigiles sur l’îlot de «Leïla».

Par Mustapha Nouri
Le 14/12/2015 à 22h53