Tindouf : les raisons d'un différend tribal qui a failli tourner au drame

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Jeudi 9 avril, un différend entre deux fractions de la même tribu Rguibat a failli basculer dans le cauchemar. Motif: un "honneur bafoué" ! Le comment du pourquoi.

Le 14/04/2015 à 23h46

A l’origine des affrontements qui ont éclaté, vendredi 10 avril 2015, dans le camp dit «Aousserd», à Tindouf, une histoire d’ «honneur» bafoué ! Tout a commencé jeudi 9 avril quand un élément du Polisario, issu de la fraction «Fokra» de la tribu Rguibat, Sidi Ahmed Ould Ali Ould Boucharaya, a été retrouvé avec une cousine d’une autre fraction de la même tribu, dite Oulad Moussa. La découverte a été faite par trois jeunes d'Oulad Moussa.Surprise, puis colère, voire indignation. Pour venger l’honneur «bafoué» de leur fraction, les Oulad Moussa recourent à la méthode forte. Le 9 avril, ils enlèvent Ould Boucharaya, Rguibat-Fokra, celle-là même dont est issu le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, et réclament à ses proches, en échange de son élargissement, une rançon de 600.000 dinars algériens (équivalent de 50.000 dirhams) !

Avisés par les proches du "Roméo" kidnappé, les services de sécurité du Polisario interviennent et arrêtent les Oulad Moussa, à l’origine du rapt. Confrontés à leur forfait, ces derniers nient les faits qui leur sont reprochés, en soutenant qu’ils avaient l’intention de leur présenter Ould Boucharaya pour répondre de son acte "portant atteinte à l’honneur de leur fraction". Ils ont été relâchés, alors qu’Ould Boucharaya a été maintenu en garde à vue.

Ce dernier sera cependant relâché dans la soirée du même jour, suscitant alors une grosse colère chez Oulad Moussa qui n’y sont pas allés de main morte. Une trentaine de personnes de la tribu «déshonorée» ciblent à l’aide de pierres les locaux de la police et de la gendarmerie du camp dit «Smara», avant qu’ils ne soient éloignés par des éléments de sécurité dudit camp.

Mais voilà, cette intervention n'a pas suffi pour éteindre le feu de la colère. Revenant à la charge dans la soirée du vendredi 10 avril, une centaine de jeunes de la même fraction attaquent à coups de pierres les mêmes locaux, avant de les investir et d'endommager leurs équipements. Face à cette attaque, ce sont des éléments de la «gendarmerie militaire» du Polisario qui sont intervenus et ont riposté par des coups de sommation en l’air, obligeant ainsi les manifestants à quitter les lieux.

Par Ziad Alami
Le 14/04/2015 à 23h46