Agression du présumé couple homosexuel: les victimes devant la justice

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Le présumé couple homosexuel de Béni Mellal, violemment lynché par la foule à son domicile, dont les images ont fait le tour de la Toile, est devant la justice. Les détails.

Le 28/03/2016 à 13h42

Une vidéo récemment publiée et partagée en masse sur les réseaux sociaux montre un groupe d’individus s’en prendre à deux jeunes hommes. Insultes, menaces, coups et blessures, les victimes apparaissent les visages ensanglantés croulant sous les coups d’une foule déchaînée avant d’être jetés dans la rue, complètement nus.

Les images, d’une violence inouïe, ont suscité l’indignation générale. Plusieurs associations sont montées au créneau pour condamner cet acte barbare, demandant la peine maximale à l’encontre des agresseurs. Mais, «au lieu de poursuivre les assaillants, ce sont les victimes qui sont trainées devant la justice», nous confie Allal Basraoui, président de la Commission régionale du Conseil national des Droits de l’Homme pour la région de Béni Mellal.

En effet, l’une des deux victimes a été condamnée, le 15 mars, à quatre mois de prison ferme pour "échange de coups et blessures" et non pour "homosexualité", nous précise Allal Basraoui. Tandis que "l’autre victime a comparu devant le tribunal de première instance de Beni Mellal le 26 mars. Nous ignorons, pour le moment, le motif pour lequel elle est poursuivie", poursuit-il.

Pendant ce temps-à, les assaillants sont libres comme l’air… La vidéo montre clairement plusieurs individus munis d’armes blanches s’en prendre sauvagement aux deux jeunes hommes en question. "Il s’agit principalement du voisinage des deux victimes", précise Allal Basraoui. Et d’ajouter: "Les images mettent en scène un groupe de jeunes qui pénètrent par effraction dans un domicile pour attaquer ses occupants à coups de couteau. Un délit qui est condamné, dans l'article 441 du Code pénal, de six mois de prison assortis d'une amende de 200 à 250 dirhams. C’est sur cela que la justice doit se pencher. S’il s’agit réellement d’homosexuels, ils seront condamnés à cet effet. Ce n'est pas à la foule de s'ériger en brigade des moeurs", conclut Allal Basraoui.

Par Rania Laabid
Le 28/03/2016 à 13h42