"Anti-tcharmil": La jeunesse s'arme de livres

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La jeunesse se soulève contre le "Tcharmil" et le tort que lui a causé ce mouvement et les amalgames qui en ont résulté.

Le 22/04/2014 à 13h54

"Antitcharmil ou l’incitation à la lecture, une opportunité de sensibilisation pour montrer que le Maroc n’incorpore pas uniquement la catégorie de jeunes en détresse émotionnelle, ceux qui véhiculent la terreur entre les internautes à des fins personnels". C'est ainsi que le mouvement "#antitcharmil ou l'incitation à la lecture" présente ses motivations, celles qui lui ont donné naissance sous l'impulsion, notamment, de Wahid Rouhli. Inciter à la connaissance, au partage du savoir, au dialogue par le livre à échanger, discuter, faire connaître à l'autre: une belle initiative.

Sur la page Facebook du groupe, les internautes publient des photos d'eux en compagnie de leurs livres préférés ou de celui qu'ils sont en train de découvrir. Car, disent encore les initiateurs du mouvement antitcharmil, il s'agit " d’inviter tous les jeunes à balayer leurs bibliothèques et ressortir toutes leurs lectures pour se prendre en photo avec et mettre en avant la vraie richesse culturelle et intellectuelle". Et les internautes ont répondu. En panne d'idée de lecture? Consultez les dizaines de photos qui circulent sur cette page: nul doute que vous réussirez à trouver votre bonheur.

Inciter les jeunes à aller vers la culture mais, aussi, donner une autre image de la jeunesse insultée, cataloguée, victime de préjugés depuis la scandaleuse découverte du mouvement "Tcharmil" qui fête la délinquance, la drogue, l'alcool, le trafic, le vol. Le crime y est "tendance". Mais les jeunes ont réagi, et de diverses manières. Il y a ce mouvement antitcharmil qui met en scène une belle jeunesse qui ne manque pas de rassurer chacun. Une jeunesse assoiffée de culture et qui trouve son bonheur dans la lecture, l'élévation et le débat intellectuels. Il y a, aussi, cette lettre ouverte du Collectif des jeunes engagés qui dénonce les amalgames et la discrimination dont ils ont le sentiment de faire aujourd'hui l'objet: "Du débat légitime sur l’insécurité nous sommes passés à une forme de discrimination, de "mise au ban" d’une partie de la jeunesse puis à la caricature, où l’amalgame a été fait entre "looks" et banditisme"…

Les réseaux sociaux, les médias, les faiseurs d’opinion ont une responsabilité

"Les réseaux sociaux, les médias, les faiseurs d’opinion ont une responsabilité, celle de ne pas tomber dans l’intox et la rumeur, et de parler avec autant de verve de la jeunesse qui avance, qui se bat, qui a la rage de vaincre, les décideurs, les élus, les gouvernants ont une responsabilité : créer les conditions de l’insertion de la jeunesse , toute la jeunesse ; nous-mêmes -jeunes- avons une responsabilité, vis-à-vis de nos parents, de la société, de notre Pays…Nous en sommes conscients, nous ne nous dérobons pas , mieux nous y sommes prêts ! Pour cela nous souhaitons dans un premier temps -par ce texte- dire que désigner la jeunesse comme responsable du malaise social est stigmatisant et injuste, dire que nous voulons vivre dans une société où il fait bon vivre ensemble, y vivre tous ensemble -et y participer- dire qu’il serait dangereux de dresser la société contre sa jeunesse, la jeunesse contre la société, une partie de la jeunesse contre une autre, enfin (re)dire, sans rien nier des difficultés, des manques, des inégalités que connait notre Pays, Nous Tous Jeunes du Maroc…Nous sommes Tous vos enfants!", peut-on ainsi lire dans cette lettre qui interpelle le citoyen, se veut à la fois pétition et appel à mobilisation pour défendre la jeunesse. Cette jeunesse qui prend aujourd'hui la parole et qu'il s'agit d'écouter et de mettre en avant.Le Collectif des jeunes engagés appelle d'ailleurs à l'insertion des jeunes du mouvement Tcharmil et lance une initiative pour rassembler, le 10 mai, les jeunes pour un "défilé de looks", avec le soutien de Droit de Cité et Marocains Pluriels et sous ce thème éloquent: "Koulna Chabab Maghrebi". Un défilé qui fêtera la jeunesse marocaine plurielle et fera l'objet d'un clip dont elle sera la vedette. Une jeunesse plurielle et unie. 

Par Bouthaina Azami
Le 22/04/2014 à 13h54