Egypte: Elle aura passé 43 ans déguisée en homme pour survivre

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a reçu, à l'occasion de la fête des mères, dimanche, Sisa Abou Daooh, une femme qui aura passé 43 ans déguisée en homme pour survivre.  

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a reçu, à l'occasion de la fête des mères, dimanche, Sisa Abou Daooh, une femme qui aura passé 43 ans déguisée en homme pour survivre.  

Elle aura passé 43 ans à travailler, déguisée en homme, pour subvenir aux besoins de sa famille. Ce dimanche, le président égyptien l'a reçue, à l'occasion de la fête des mères, dans son palais du Caire. Mais la vie de cette femme engagera-t-elle une véritable réflexion sur la condition féminine?

Le 25/03/2015 à 20h42

L’histoire de cette femme égyptienne a ému à travers le monde. Une femme qui, au lendemain de la mort de son mari, a décidé de se faire passer pour un homme pour subvenir aux besoins de sa famille. Et Sisa Abou Daooh, maman d’une petite fille au moment du décès de son époux, passera 43 ans de sa vie travestie ainsi pour pouvoir travailler sans risquer, dit-elle, de se voir interdire des métiers réservés aux hommes ou de se faire agresser. Un choix difficile! Sisa Abou Daooh ne le nie pas. Mais cette mère courage y aura vu la seule chance de survie de sa petite famille. Retroussant ses manches, elle commencera par travailler dans la confection de briques avant de travailler aux champs. Puis, lorsque le poids de ces années éprouvantes commencera à se faire sentir, Sisa Abou Daooh s’installera dans la rue pour cirer les chaussures des passants.

Agée aujourd’hui de 65 ans, cette femme incroyable est devenue, ce dimanche, à l’occasion de fête des mères, un véritable symbole. Celui de la force, de la dignité et de l’abnégation dont peuvent être capables des femmes pour protéger et nourrir leurs enfants. Elle a ainsi été reçue, au palais du Caire, par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui lui a remis une médaille: celle de «la mère travailleuse exemplaire». Le visage émacié, la tête enturbannée, le regard empreint d’une étrange absence, Sisa Abou Daooh s’est aussi vu remettre une somme de 50.000 livres, soit quelque 6.000 euros, par le président égyptien. Elle fera à l’AFP cette bouleversante confidence, depuis le petit village où elle vit, à proximité de Louxor: «J'avais coupé mes cheveux. J'ai commencé à porter la "galabeya", un turban et des chaussures d'homme pour chercher du travail. C'était dur pour une femme de trouver un emploi.»

Il était temps d’ouvrir les yeux sur les sacrifices de cette femme et de reconnaître son courage. Combien d’autres vivent les mêmes épreuves? Il ne suffit pas, pour lui rendre hommage, de la hisser au rang d’exemple. Le véritable hommage à lui rendre serait certainement d’engager une réflexion de fond sur la condition de la femme. Et d’agir!

Par Bouthaina Azami
Le 25/03/2015 à 20h42