Exclusif. AT665, les confidences du pilote

Le commandant de bord, Mohamed Hamid El Rhoul.

Le commandant de bord, Mohamed Hamid El Rhoul. . DR

Il s’appelle Hamid El Rhoul. C’est le commandant de bord du vol de la Royal Air Maroc qui a atterri hier soir en urgence à l’aéroport de Casablanca après avoir émis un message de détresse au-dessus de l’Espagne. Aux yeux des 110 passagers présents dans l’avion, c’est un véritable héros.

Le 24/04/2015 à 21h18

Il est 22h30, dans la nuit du 23 avril. Le vol AT665 de la Royal Air Maroc, reliant Paris à Agadir, vole depuis plus d’une heure à son altitude de croisière. En cabine, les 110 passagers viennent à peine de finir leur dîner. D’un coup, le signal d’alarme se déclenche, l’avion amorce une descente rapide, les masques à oxygène tombent. Panique dans les airs…

Dans le cockpit, c’est le commandant Mohamed Hamid El Rhoul qui tient le manche. En pilote chevronné, il garde le contrôle de la situation. Il est bien formé à gérer ce genre de crise comme il l'explique à Le360: «Il s’agit d’une panne technique qui conduit à la dépressurisation de l’avion. A haute altitude, il y a très peu d’air. L’avion est alors gonflé comme un ballon afin d’augmenter la pression et permettre aux passagers de respirer. Un calculateur permet de régler la bonne pression mais parfois il arrive à ce dernier de bugger. Alors, la vanne s’ouvre et il n’y a plus de pression à l’intérieur de la carlingue. Dans ce cas, on fournit aux passagers l’oxygène pour qu’ils puissent respirer normalement, le temps que l’appareil descende à une altitude raisonnable. C’est ce que nous avons fait, et cela s’est très bien passé».

Entamer une descente rapide pour retrouver un niveau de pression supportable reste une expérience à la fois affolante et très angoissante pour les passagers. Pendant neuf minutes, ces derniers ont dû voir leur vie défiler. Et tout le challenge pour le commandant El Rhoul et son équipage est de se montrer rassurants. «Nous avons pris les choses en main et avons expliqué aux passagers ce qui se passait et qu’il n’existait aucun danger pour leur vie. Cela les a rendus plus sereins», nous raconte le pilote qui n’a pas cédé à la panique. Le commandant El Rhoul a d’ailleurs respecté la procédure à la lettre. «Dans ce genre d’incidents, on déclare l’état d’urgence et on lance un message de détresse étant donné qu’il y a beaucoup d’avions qui sont en phase de descente. Les contrôles aériens nous dégagent alors un couloir aérien pour éviter toute collision», explique à Le360 Mohamed Hamid El Rhoul. C’est que lui et ses confrères de la RAM sont bien préparés pour affronter ce genre d'imprévus: «Un entraînement semestriel au simulateur nous permet de faire face à tous types de problèmes: dépressurisation, feu moteur, perte d'hydraulique, faible visibilité, etc», détaille le commandant.

Il n’empêche que sur la terre ferme, le message de détresse a créé un mouvement de panique. Une fois ce signal émis, pendant que l’avion survolait l’Espagne, le vol AT665 est suivi par toutes les tours de contrôle et mêmes par des internautes qui n'ont plus quitté des yeux les sites de navigation aérienne. Pendant les 90 minutes que l’appareil est en vol à basse altitude, on redoute le pire pour l’avion et sa centaine de passagers. Surtout quand le Boeing 737 800 a disparu des radars quelques minutes (qui ont semblé interminables) au-dessus de Ksar El Kébir.

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Le Commandant Hamid El Rhoul, félicité par ses passagers.

Mais dans le cockpit, c’est la sérénité et l’expérience du commandant Hamid El Rhoul et son équipage qui ont fait la différence. Il arrive à poser sans problème son appareil à l’aéroport Mohammed V sous les applaudissements de ses passagers. Ces derniers étaient tellement rassurés par la maestria du pilote qu'ils n’ont pas hésité une seconde pour embarquer dans un autre avion mis à leur disposition pour les acheminer à Agadir. «Cela donne du baume au cœur. C’est un témoignage de la confiance dont jouit notre compagnie», se félicite le commandant de bord.

Par Youssef Jajili
Le 24/04/2015 à 21h18