Rétro 2014. L'incompréhensible loupé de la Coupe d'Afrique

Le Maroc est encore une fois absent de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN-2015) prévue en janvier prochain en Guinée Equatoriale. Et cette fois-ci, ce n'est pas dû à la performance de notre équipe nationale.

Le 01/01/2015 à 12h06

Cette fois-ci, ce n’est pas du tout les talents et la performance des Lions de l’Atlas qui ont fait défaut, mais l’élimination émanait d’une décision de la CAF qui n’a, à aucun moment, digéré le désistement du Maroc d’organiser cette prestigieuse coupe sur sa terre pour cause de la pandémie du virus Ebola.

Tout a commencé en cette journée de vendredi 10 octobre 2014 lorsque le Maroc a demandé officiellement aux instances de la Confédération Africaine de Football le report de la 30-ème édition de la CAN en raison de l’épidémie d’Ebola, se basant en cela sur une recommandation du ministère de la santé : «éviter les rassemblements auxquels prennent part des pays touchés». D’emblée, la CAF avait signifié, en date du 3 novembre, un non catégorique à la demande du Maroc assurant que la CAN se maintiendra du 17 janvier au 8 février 2015. Face à la position inébranlable du Maroc, Issa Hayatou prend la décision mardi 11 novembre. Ce sera le retrait au Maroc de l’organisation de cette compétition. La sanction ne s’arrêtera pas là, puisqu’un coup de massue suivra : les lions de l’Atlas ne seront pas de la partie. Aussitôt, un remplaçant devait être choisi à la hâte. La CAF s'est donc lancée à la recherche d'un nouveau prétendant pour accueillir les phases finales de la Coupe et ce, à seulement 3 mois du coup d’envoi du tournoi. L'Algérie, l'Afrique du Sud ou encore le Nigéria, ayant décliné la proposition de Hayatou, refusant de servir comme roue de secours, c'est finalement la Guinée équatoriale qui a été retenue comme nouveau pays hôte de cette CAN 2015. Le pays avait déjà co-organisé l’édition de 2012 avec le Gabon.

«Tout pays a le droit de prendre des précautions pour garantir la sécurité de ses citoyens (…) Le Maroc n'a pas refusé d'organiser la CAN et n'a pas failli à ses engagements. Il maintient sa demande de report», s’est défendu Mohamed Ouzzine, mais ses arguments n’ont trouvé preneurs ni à la CAF, ni dans l’opinion publique marocaine. Des leitmotivs qui n’ont rien changé à la donne, malgré l’insistance du ministre qu’il s’agit d’une «demande de report face à un cas de force majeure sanitaire » et non d’une annulation. «Nous faisons face à une épidémie dangereuse que le monde entier a du mal à juguler», a-t-il plaidé, assurant que le Maroc était fin prêt à accueillir cette messe footballistique.

Le cauchemar d’un pays éveilléLe onze national a lui aussi lourdement payé ce tribut. Assurément, la décision du comité exécutif de la Confédération africaine de football de retirer l’organisation de la CAN du Maroc et d’en disqualifier son équipe nationale est un véritable camouflet pour l’ensemble du pays. Et le mot est faible. Face à la persistance de reporter la CAN survient pourtant une décision du royaume pour le moins étrange qui n’est nullement en adéquation avec cette demande de report. Le maintien des dessertes par la RAM vers de nombreuses destinations de l’Afrique de l’Ouest lourdement frappées par le virus Ebola. Difficile donc de convaincre l’instance continentale de reporter la compétition de foot face à cette «contradiction». L’argument du «cas de force majeure sanitaire» tombe à l’eau. C’est l’image du royaume qui se trouve sérieusement entamée par cette exclusion, sans gloire, d’une compétition aussi prestigieuse que la CAN.

De lourdes sanctionsLa Confédération africaine de football a décidé de frapper très fort. L’instance du football africain a décidé de suspendre le royaume pour les éditions 2017 et 2019 de la Coupe d’Afrique des nations. Sanction qui viendrait s’ajouter à la disqualification de la sélection marocaine pour la CAN 2015 et complétée par une amende qui sera fixée ultérieurement, avec en prime un procès où la CAF demande des dommages et intérêts pour les pertes causées aux compagnies de sponsoring, publicité et autres. Sur le plan sportif, la suspension marocaine pourrait être étendue aux compétitions organisées par la FIFA, si l’instance mondiale du ballon rond décide de ratifier les sanctions prises par la Confédération africaine. Dans ce cas, le Maroc ne pourrait pas prendre part aux éliminatoires de la Coupe du monde 2018. 

Le Maroc, qui a subi de plein fouet la détermination de la CAF à organiser cette Coupe d'Afrique aux dates fixées, se voit ainsi exclu de la CAN, où il n’a fait que 15 apparitions avec des prestations pour le moins médiocres: un seul et unique titre en 1976, une fois finaliste (2004) , trois fois demi-finaliste (1980, 1986 et 1988) et une fois en quart de finale (1998). Pour le reste, les Lions de l’Atlas n’ont guère pu franchir le premier tour. Les lions de l'Atlas ne pourront pas espérer décrocher un deuxième sacre dans la compétition après celui obtenu en 1976 à Addis-Abeba en Éthiopie. Par ailleurs, le pays ne pourra donc pas organiser la CAN pour la deuxième fois de son histoire après avoir accueilli l’édition de 1988. C'est extrêmement dur à accepter pour les Marocains qui formaient le vœu de voir leur équipe nationale caracoler en tête du podium africain et renouer avec les exploits d'antan.

Par Hicham Alaoui
Le 01/01/2015 à 12h06