Daach. Une filière recrutant des hispano-marocaines démantelée

DR

Un nouveau coup de filet antiterroriste, mené par les services marocains en collaboration avec leurs homologues espagnols, a conduit au démantèlement d’une filiale opérant de part et d'autre pour recruter des femmes au profit du présumé «Etat islamique».Révélations.

Le 25/12/2014 à 18h08

Nouveau coup d’éclat cosigné par les services de la DGST et leurs homologues espagnols, dans le cadre de l’offensive inlassable menée conjointement contre les cellules terroristes opérant du côté nord et sud des deux royaumes. Une filière vouée au recrutement et à l’acheminement de volontaires féminins pour le compte du présumé «Etat islamique» a été démantelée le 16 décembre, apprend LE360 auprès de sources sécuritaires. Ce nouveau coup de filet antiterroriste s’est soldé par l’arrestation des deux promoteurs de cette filière répondant au nom de Mouad El Attabi et Morad Mahfoudi (Fnidek), ainsi que 5 complices, dont 4 femmes, évoluant aux présides de Sebta, Mellilia et Barcelone.

Les promoteurs de cette filière, arrêtés au Maroc, ont été interpellés, à la mi-décembre, en possession d’enregistrements audiovisuels faisant l’apologie du jihad, ainsi que de photographies louant le rôle des combattantes aux côtés de Daach, acronyme arabe de «l’Etat» autobaptisé «islamique». Par la même occasion, ce coup de filet spectaculaire a permis la saisie de matériel électronique et une documentation à relent jihadi, dont l’exploitation a conforté l'engagement des deux suspects en faveur de «l’Etat islamique», comme en témoignent les séquences vidéo reproduisant des séances d’entraînement des combattants de cette organisation terroriste sur fond d’une litanie d'éloges du jihad pro-Daech. Confrontés aux enregistrements, -autant de pièces à conviction-, les suspects ont reconnu les faits qui leur sont reprochés, en avouant avoir instrumentalisé ces outils de propagande afin d’embrigader des candidates au jihad.

Sur les traces des recruteurs de DaachMais qui sont ces promoteurs de la filière spécialisée dans le recrutement de femmes au profit de Daach ? Les informations recueillies par LE360 pointent un certain Mouad El Attabi, en détricotant le vaste réseau qu’il a réussi à tisser des deux côtés du Maroc et de l’Espagne, voire au-delà. D'après les sources du LE360, Mouad a évolué depuis 2011, dans le giron d’Abdelkhalek El Mahdali, Saïd El Bakkali, Ibrahim Abchit (combattants de «l’Etat islamique», aujourd'hui activement recherchés) et Abdelaiz El Mahdali (ex-émir de la phalange «Tarik Ibnou Ziyad», acquise à l’ex-Etat islamique en Irak et au pays du Levant, abattu). Preuve de la dangerosité de ce recruteur, il a noué et maintenu le contact avec le tristement célèbre coupeur de têtes de soldats syriens, le dénommé Mohamed Hamdouch, alias «Kokito» qui le pourvoyait en photos illustrant sa participation à des opérations de décapitation. L’intéressé comptait, également, parmi ses contacts, un opérationnel irakien surnommé «Omar Al Farouck» (médecin au sein d’une commission médicale relevant de «l’Etat islamique»). Fort de ce carnet d’adresses assez bien garni, Mouad El Attabi qui a solennellement prêté, à l’été 2014, son allégeance au «calife» autoproclamé de «l’Etat islamique», Abou Bakr al-Baghdadi, mettra à profit les réseaux sociaux pour tisser des rapports avec nombre d'islamonautes de sexe féminin aux présides de Sebta et Mellilia, sur fond de discours moralisateur en faveur du jihad sous la sinistre bannière de «l’EI».

El Attabi, cherchez la femme !Mouad El Attabi a réussi à acheminer, en collaboration avec Mohamed Ettaounati (rabatteur arrêté suite au démantèlement, en août 2014, de la filière syrienne de Mohamed Jalal Aznadan), pas moins de 20 volontaires féminins en direction de la Syrie, dont l’épouse hispano-marocaine de «Kokito», Asia Ahmed Mohamed, ainsi que Laïla Amghar (épouse du combattant Mohamed Boukari, en détention) et l’hispano-marocaine Fatima Sora Belhach Ahmed (épouse du combattant Youssef Bahbouh, en détention). A cet effet, Mouad El Attabi sollicitait les services d’un islamonaute turc, Polat Yilpiz, pour accueillir et assister les candidates au jihad.

Morad Mahfoudi, l’autre compliceMorad Mahfoudi, l’autre promoteur de la filière démantelée, compte à son passif des forfaits tout aussi infamants que ceux de Mouad El Attabi. Ainsi a-t-il mis à profit son activisme pour enrôler une hispano-marocaine, Dilal Mohamed Naual, arrêtée le 2 août dernier, alors qu’elle se préparait à regagner la Syrie, en compagnie de la dénommée Fauzia Allal Mohamed. Un projet tombé à l’eau, Dilal ayant été placée sous mandat de dépôt dans un centre de mineurs à Madrid, tandis que Fauzia fait l’objet d’un contrôle judiciaire en Espagne. Maintenant, est-il besoin de présenter Morad Mahfoudi ? Titulaire d’un diplôme en restauration (obtenu de l’Institut d’hôtellerie et de tourisme à M’Diq), il avait séjourné, du 10 septembre au 8 novembre 2014, à l’émirat d’Acharika aux Emirats arabes unis, où il a exercé comme plongeur dans divers restaurants, avant de succomber aux sirènes bêlantes de Daach et afficher son ambition de combattre en Syrie. 

Par Ziad Alami
Le 25/12/2014 à 18h08