Casablanca: disparition des jacarandas sur le boulevard d’Anfa, une perte pour le patrimoine végétal de la ville

Salima Belemkaddem, ingénieur paysagiste et militante écologiste.

Le 03/03/2024 à 11h30

VidéoLe boulevard d’Anfa, l’une des artères les plus fréquentées de Casablanca, est aujourd’hui le théâtre d’une tragédie écologique. Dans un entretien avec Le360, Salima Belemkaddem, ingénieur paysagiste et militante pour l’environnement, déplore l’abattage récent des arbres jacarandas qui embellissaient le boulevard depuis plus d’une décennie.

Face à la récente disparition des arbres jacarandas le long du boulevard d’Anfa, Salima Belemkaddem, fondatrice du mouvement Maroc-environnement 2050, exprime une vive inquiétude. Ces arbres, présents depuis plus de dix ans sur cette artère principale de la ville et considérés comme emblématiques, ont été récemment abattus, laissant certains habitants consternés.

Cette action, selon Belemkaddem, a été orchestrée par les services communaux, justifiée par de supposées plaintes de résidents concernant les petites branches tombant sur leurs voitures. Une justification qu’elle juge totalement disproportionnée au regard de l’importance écologique et patrimoniale de ces arbres pour la ville.

En plus de retirer les jacarandas, les autorités semblent avoir opté pour leur remplacement par des ficus benjamina, «ces nouveaux arbres, bien que fournissant une ombre dense, ne possèdent pas les mêmes caractéristiques», explique l’ingénieur paysagiste. Et de préciser: «Les jacarandas nous offraient bien plus que de simples ombrages. Leur floraison et leur feuillage caduc rythmaient nos saisons, contribuant ainsi à la richesse écologique et esthétique de notre ville. Les ficus ne sauraient les remplacer.»

Par ailleurs, Belemkaddem rappelle que les arbres urbains sont un bien public, appartenant à tous les habitants de Casablanca. Leur financement et leur entretien sont assurés par les deniers publics, ce qui soulève des questions sur la cohérence de leur soudaine élimination sans préavis et justification évidente.

«Nous devons nous interroger sur la vision à long terme de nos autorités en matière de préservation de notre environnement urbain. Les arbres ne sont pas de simples décors, ce sont des éléments essentiels de notre patrimoine vivant. Leur protection devrait être une priorité absolue», souligne-t-elle.

La militante écologiste appelle ainsi à une prise de conscience collective sur l’importance de préserver les espaces verts en milieu urbain, notamment en ce qui concerne des arbres emblématiques comme les jacarandas.


Par Ryme Bousfiha et Said Bouchrit
Le 03/03/2024 à 11h30