Livre: Le «Tcharmil» à la loupe

   

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Le phénomène «Tcharmil» qui a secoué durant plusieurs mois la société marocaine fait l’objet d’un livre, intitulé «Réflexions sur la violence des jeunes», sous la direction de la sociologue Fatema Mernissi.

Le 26/01/2015 à 14h05

C’est un phénomène qui est apparu sur les réseaux sociaux il y a quelques mois. Des jeunes dits «Mcharmline» diffusaient leurs photos sur la toile, s'affichant avec des sabres, les butins de leurs vols… Ils faisaient l’apologie du crime. Des photos qui ont causé des sueurs froides à plus d'un citoyen. De nombreux Casablancais avaient repondu par une pétition sur le Web, demandant l’intervention des autorités. Les services de police ont ainsi procédé à des arrestations dans les quatre coins du royaume.

Cependant, de nombreux jeunes ont été victimes de manipulation, leurs photos ayant été truquées à l’aide de Photoshop. Le mot «Tcharmil» est l’apanage de certains détenus récidivistes. «Tcharmil et Karamil», s’enorgueillissent-ils. La sociologue Fatema Mernissi, s’inspirant d’un dossier consacré à ce phénomène par le magazine marocain «L’internaute», a réuni un collectif de journalistes, sociologues et acteurs de la société civile.

Le livre «Réflexions sur la violence des jeunes» paru aux éditions Le Fennec est loin d’être une analyse approfondie du phénomène. Il s’agit surtout, à de rares exceptions près, d’impressions. Ou plutôt d’articles de presse. Le livre veut apporter un éclairage sur la violence des jeunes, qui s’exprime de différentes manières, témoigne de ce phénomène sociétal impliquant une frange de la population se sentant marginalisée et ayant besoin d’attirer l’attention.

«Même si le phénomène a connu une inflation médiatique, pas forcément toujours justifiée, il n’en demeure pas moins qu’il mérite réflexion avec un abord multidisciplinaire et multiaxial... Car au-delà de ce mouvement spécifique, ce sont toutes les expressions de la violence commise par les jeunes qui sont en question, y compris celle des stades et autres», peut-on lire dans la contribution du psychiatre Jallal Taoufiq. 

D’ailleurs, des spécialistes, à l’image du psychosociologue Mustapha Chagdali, évitent d’évoquer le mot «phénomène». «Il s’agit, nous déclare le professeur Chagdali, d’un épiphénomène qui a été amplifié par les médias». Preuve en est, on n’en parle plus aujourd’hui. L’objectif des «Mcharmline» était de faire le buzz. Ils ont réussi leur coup.

Réflexions sur la violence des jeunes, Collectif Fatéma Mernissi, Ed. Le Fennec, 192 pages, 90 DH. 

Par Abdelkader El-Aine
Le 26/01/2015 à 14h05