Le présent et l’avenir des relations entre le Maroc et l’Espagne vus par le spécialiste Nabil Driouch

Le journaliste et écrivain Nabil Driouch.

Le 22/03/2024 à 12h48

VidéoDans cet entretien avec Le360, le journaliste, écrivain et chercheur spécialisé dans les relations maroco-espagnoles revient sur les détails de son nouveau livre «L’Espagne aujourd’hui: transformations de la scène politique espagnole (2008-2023)», qui analyse les changements majeurs qu’a connus le royaume ibérique sur le plan politique.

Nabil Driouch présente son nouvel ouvrage, rédigé en langue arabe et paru il y a quelques jours aux éditions Virgule, comme une description et une retranscription, avec force détails, des scènes qu’il a vécues et auxquelles il a assisté en Espagne. «Je n’ai pas seulement écrit ce livre, mais j’ai vécu ses infimes détails, étant donné que je travaillais durant cette période en Espagne pour plusieurs médias internationaux. J’ai donc pu transmettre énormément de souvenirs, notamment au cours des manifestations sur la voie publique espagnole», souligne-t-il.

«Je devais écrire sur la nouvelle Espagne qui a été secouée par la crise économique, et qui a accouché de nouveaux partis politiques. Cette crise a provoqué des tempêtes au sein de la plupart des partis politiques traditionnels espagnols», ajoute-t-il.

En plus des détails de son suivi attentif des évènements au cours cette période, Nabil Driouch raconte dans ce livre comment les Espagnols ont pâti de cette crise politique étouffante qui a, ipso facto, donné naissance à de nouvelles formations politiques.

«L’ouvrage n’est pas une étude académique, mais plutôt une tentative de formulation et de partage de ce que j’ai pu vivre lors de cette époque dans le pays», fait-il remarquer, estimant toutefois qu’il ne s’agit pas d’une simple retranscription de ce qu’il a observé en Espagne.

Dans «L’Espagne aujourd’hui : transformations de la scène politique espagnole(2008-2023)», le journaliste évoque notamment la crise catalane et les conséquences de la vague séparatiste. «En réalité, c’est une crise qui avait surpris tout le monde, non seulement en Catalogne et en Espagne, mais aussi dans l’Union européenne et dans le monde entier. On ne s’attendait pas à ce que cette crise suive un scénario aussi dramatique, surtout au cours de l’année 2017, date à laquelle l’Espagne avait fait la Une des journaux et des chaînes internationales», se rappelle-t-il. «Tout le monde tentait de comprendre pourquoi la Catalogne voulait faire sécession».

Le livre se penche également sur la «nouvelle Espagne», en explorant les circonstances dans lesquelles elle a émergé, en particulier dans le contexte de la période de récession qui a vu l’éclosion de nouvelles figures portant avec force la voix des manifestants.

L’impact sur les relations maroco-espagnoles

Nabil Driouch se penche également sur les nouveaux défis auxquels est aujourd’hui confrontée l’Espagne sur le plan politique, notamment après le morcellement de la masse électorale et le «blocage politique» qui en a résulté. Le plus important est, selon lui, «ce qu’il s’est passé en 2018, lorsque nous avions suivi pour la première fois “la motion de censure” et vécu des expériences politiques inédites».

S’agissant de l’impact de ces mutations sur le Maroc, Nabil Driouch note que «nous autres Marocains devons analyser tout ce qui s’est passé et comprendre les soubassements des évènements et comment y faire face». Revenant sur la nouvelle position de l’Espagne à l’égard du Maroc, et de l’avenir des relations maroco-espagnoles, il estime que «l’élite politique espagnole a dû vivre des expériences difficiles avec le Maroc pour pouvoir mieux comprendre le pays».

«Pedro Sanchez et les décideurs espagnols ont fini par assimiler que la parole du Maroc est entendue à l’échelle continentale et internationale, et se sont rendu compte de sa position stratégique en Afrique et vis-à-vis de l’Europe. C’est pourquoi l’idéologie surannée, en particulier sur le dossier du Sahara, a été écartée et l’Espagne voit le Maroc d’aujourd’hui sur la base d’une nouvelle conception», conclut-il.

Par Said Kadry
Le 22/03/2024 à 12h48