Conseil de sécurité : Pourquoi la Grande-Bretagne fait chanter le Maroc sur son Sahara

Au Conseil de sécurité: l'ambassadeur de Grande-Bretagne à l'ONU, Mark Lyall Grant (au milieu), et à sa gauche, son homologue américaine, Samantha Power. 
 

Au Conseil de sécurité: l'ambassadeur de Grande-Bretagne à l'ONU, Mark Lyall Grant (au milieu), et à sa gauche, son homologue américaine, Samantha Power.    . dr

Revue de presseKiosque360. Alors que le Conseil de sécurité se prépare à discuter, jeudi 9 avril à New-York, le nouveau rapport de l’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, des sources diplomatiques font état de manœuvres britanniques pour contrer les intérêts du Maroc.

Le 06/04/2015 à 07h15

Mais que veut, finalement, la Grande-Bretagne ? Pourquoi s’acharne-t-elle à contrarier le Maroc sur le dossier saharien ? Pour quelle raison, à chaque nouvelle réunion du Conseil de sécurité, ce pays taquine-t-il le royaume, quand ce n’est pas sur la question des ressources sahariennes revenant pourtant de plein droit au royaume du Maroc, du moins sur ces légendaires et néanmoins mensongères «violations des droits de l’Homme» au Sahara marocain ?

Autant de questions auxquelles Akhbar Al Yaoum tente de trouver des éléments de réponse, dans son édition de ce lundi 6 avril. «Le Conseil de sécurité ouvre le dossier saharien le 16 avril et la Grande-Bretagne reste une grande source de préoccupation pour le Maroc», titre le quotidien. "Si le Maroc a réussi, durant les deux dernières années, à trouver des compromis politico-économiques avec les Etats-Unis et la France, ce n’est pas le cas avec la Grande-Bretagne qui est devenue la seule réelle source de préoccupation pour le royaume au sein du Conseil de sécurité", estime la publication.

Soulignant que le Maroc a joué à fond, en 2013, la «carte de la Russie» pour faire capoter le projet de résolution US sur l’élargissement du mandat de la Minurso au monitoring des droits de l’Homme, le quotidien relève toutefois une "baisse d’intérêt" pour la destination russe surtout après le report de la visite royale, qui était prévue à Moscou à l’été 2014. Une "baisse d’intérêt" dont le Polisario aurait voulu tirer profit, en dépêchant, la semaine dernière, une délégation dans la capitale russe".

Confronté à cette question, Abdelmajid Belghazal, un spécialiste du dossier saharien, fait peu de cas de cette visite, en soulignant que la Russie a été et reste attachée à la négociation d’une issue politique au différend saharien. «La Russie elle-même est confrontée au spectre du séparatisme et, stratégiquement, elle ne peut en aucun cas jouer le jeu du front indépendantiste du Polisario», tranche l’expert Belghazal, en précisant que le seul souci pour le Maroc reste la Grande-Bretagne.

Basses manoeuvres britanniques

Abdelmajid Belghazal insiste, dans son entretien à Akhbar Al Yaoum, sur «le sérieux des pressions britanniques» sur le Maroc, rappelant que Londres avait été, en 2014, le seul pays membre permanent du Conseil de sécurité à avoir demandé de ramener le mandat de la Minurso à 6 (bien six) mois, au lieu d’une année.

S’agissant de la nature des pressions britanniques, «elles portent principalement sur la question des ressources naturelles au Sahara», dévoile l’expert marocain. «Nous ne devons pas oublier que, sur 73 eurodéputés que compte le Royaume-Uni à Strasbourg, seulement 3 avaient voté en faveur du renouvellement de l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne», indique-t-il, en ajoutant que "des compagnies britanniques avaient co-signé avec le Polisario des contrats pour la prospection pétrolière dans les provinces sahariennes" !

Autre élément de chantage, et il n’est pas des moindres : «L’ancien premier ministre britannique, Tony Blair, prend part à la campagne internationale pour la protection des ressources du Sahara», révèle Abdelmajid Belghazal, en s’interrogeant sur cette volte-face après que le même Tony Blair a proposé à Rabat ses services pour faire du lobbying pro-marocain. "C'est là un véritable chantage auquel les responsables britanniques se livrent", observe l'expert marocain. Un chantage au relent mercantiliste mais aussi politicien, quand on sait que la Grande-Bretagne continue d’occuper le Rocher de Gibraltar au détriment de l’Espagne. Autrement dit, le "calme" de Rabat, officiellement s’entend, sur la question des deux villes marocaines occupées de Sebta et Mellilia n’est pas vu d’un bon œil à Londres. Une revendication de la part du Maroc aurait, au point de vue de Londres, dissuadé Madrid de continuer de faire pression sur la Grande-Bretagne afin de lui restituer le Rocher de Gibraltar. Voilà quelques-unes des raisons cachées du chantage britannique au Maroc sur la question de son intégrité territoriale.

Par Ziad Alami
Le 06/04/2015 à 07h15