Laenser porte plainte contre Zakaria Moumni

Zakaria Moumni.

Zakaria Moumni. . DR

Suite à la diffusion d’une nouvelle vidéo diffamatoire du champion du racket sur les supposées menaces qu’il subit, le ministre décide de l’attaquer en justice au Maroc comme en France.

Le 19/12/2014 à 19h17

Cette fois-ci, Zakaria Moumni est allé loin. Très loin. Dans sa nouvelle vidéo postée sur Youtube, il se montre plus insultant que jamais envers le Maroc et ses institutions. Face caméra, il raconte son histoire rocambolesque de torture subie au présumé centre de détention secret de Témara sous la supervision d’Abdellatif Hamouchi, le patron de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) qui aurait, lui-même, agi sous les ordres de Mounir El Majidi, secrétaire particulier du roi. Comme si le patron du contre-espionnage pouvait recevoir des ordres du secrétaire particulier du roi. Rien que cette affirmation farfelue est de nature à jeter un discrédit total sur le scénario monté de toutes pièces par Moumni. Mais l’ancien champion de light contact n’a cure de la vraisemblance de ce qu’il débite. Il lâche tout ce qui lui vient à l’esprit dans l’espoir d’obtenir de l’argent de l’Etat marocain. Ses calomnies à répétition lui ont déjà valu deux plaintes déposées auprès de la justice française, respectivement par le ministère de l’Intérieur et Mounir El Majidi. Dans son nouveau récit décousu, le maître-chanteur omet volontairement de parler de ces deux plaintes qui finiront bien par le rattraper.

ExagérationsPour se donner de la crédibilité, Moumni, en bon affabulateur, a présenté au fil de son histoire des documents ou des enregistrements dont il a exagéré la portée et la signification. C’est le cas de cette conversation téléphonique enregistrée avec Jawad Belhaj, directeur du protocole royal et de la chancellerie. On entend tout simplement le responsable marocain dire «qu’il sert fidèlement Sa Majesté à qui il a transmis sa lettre». Cette réplique anodine, émanant d’une personne dont le travail consiste entre autres à remettre au roi les courriers qu’il reçoit, a servi de prétexte à Moumni pour donner une supposée vraisemblance à ses affabulations concernant une fictive audience programmée avec le souverain. Or, tout un chacun peut envoyer un courrier au roi et appeler son cabinet dans l’espoir de vérifier que ce courrier est bien arrivé. C’est ce qu’a fait Moumni. Ni plus, ni moins.

Deux agrémentsDans sa vidéo, Moumni omet de mentionner l’essentiel. Il ne raconte pas comment, dans ses différents courriers avec lesquels il a harcelé une bonne partie des hauts responsables marocains, il a demandé la somme stratosphérique de 4,9 millions d’euros pour créer un club de sport à Paris. Moumni ne parle jamais non plus des deux agréments de grand taxi dont il bénéficie au Maroc. Il omet à chaque fois de dire qu’il est un rentier de l’Etat marocain. Bien entendu, l’homme sait très bien qu’il a peu de chances de faire plier le royaume à son odieux chantage. Mais s’il tient à cette manne financière (plus de 50 millions de dirhams) avec la rage du désespoir, ses manipulateurs n’en ont cure. Eux veulent surtout nuire à l’image du royaume et à ses institutions. Et ils sont visiblement prêts à tout pour atteindre leur objectif.

EscroquerieEn maître-chanteur professionnel -condamné de surcroît pour une affaire d’escroquerie-, Moumni est allé jusqu’à trafiquer, grâce à l’expertise de ses manipulateurs, de supposées preuves qui ne veulent rien dire. C’est le cas d’une conversation téléphonique avec Mohand Laenser qui, selon Moumni, aurait été chargé par le roi de négocier avec lui. «C’est une fausse communication. Ce n’est pas la voix de Laenser», confie à Le360 une source proche de l’ancien ministre de l’Intérieur. Et d’ajouter: «Laenser a décidé de porter l’affaire en justice et de poursuivre Zakaria Moumni aussi bien au Maroc qu’en France».

Le faux enregistrement de Laenser n’est pas le seul épisode trompeur dans le récit culoté de l’affabulateur. Hamid Chennouri est présenté par exemple comme un directeur central de la DGST, «travaillant pour son bourreau Abdellatif Hammouchi», alors que l’homme qui occupe actuellement le poste de gouverneur d’Inzegane était à cette époque directeur des Renseignements généraux, une autre direction de la sûreté nationale, n’ayant aucun lien hiérarchique avec la DGST. Chennouri a également déposé une plainte contre Moumni en France et au Maroc.

Tissu de mensongesDu reste, même quand il raconte sa séance de torture où il a aperçu Hammouchi, Moumni invente une nouvelle version: cette fois-ci, ses bourreaux auraient fait la bêtise de le menotter les mains devants, ce qui lui a permis d’enlever en toute tranquillité le bandeau autour de ses yeux et d’apercevoir le patron du contre-espionnage marocain. Dans les récits antérieurs de cette désormais célèbre séquence où Zakaria Moumni aurait reconnu Hammouchi, il y a au moins trois versions toutes signées par l’intéressé sur sa page facebook. Auparavant, Moumni avançait qu’il avait les mains ligotées et qu’à un moment, en sursautant, le bandeau qui lui couvrait les yeux était tombé et qu'il avait reconnu le patron du contre-espionnage marocain. Ensuite, dans un post sur facebook le 27 novembre, il écrira: «A un moment de torture et avec la rage, j'ai réussi à enlever le bandeau sur mes yeux et c'est à ce moment-là que j'ai vu le directeur de la DGST, Abdellatif Hammouchi.» Et moins d’un mois plus tard, selon sa vidéo, ce sont les redoutables tortionnaires qui ont commis une faute professionnelle grave en menottant les mains de Moumni devant et non pas derrière. Ce qui a permis à Moumni d’enlever le bandeau qui entourait ses yeux et de reconnaître le patron de la DGST. Ils sont donc non seulement incompétents, les tortionnaires de Moumni, mais également très gentils de ne pas intervenir alors que l’intéressé se débarrassait du bandeau qui l’empêchait de voir. Devant n’importe quel juge, les différentes versions des affabulations de Zakaria Moumni suffiraient à le faire condamner. On verra alors si ses manipulateurs réussiront à le dépêtrer de son tissu de mensonges contradictoires.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 19/12/2014 à 19h17