Le prince «banni» et la Cembrero «family»

DR : Montage

Après son fiasco en France, «le journal d’un prince banni» de Moulay Hicham ressuscite en Espagne chez «Peninsula» sous la plume de la fille de l’ex-journaliste d’El Païs, Ignacio Cembrero. Les coulisses d’un juteux contrat de traduction.

Le 23/02/2015 à 19h43

«Diario de un principe desterrado», littéralement dans la langue de Molière «journal d’un prince exilé». Ainsi se présente Moulay Hicham dans la langue de Cervantes où il sort en librairie, à partir du 20 janvier 2015, la traduction espagnole du fameux «journal d’un prince banni». Et la nuance n’est pas que dans le titre, dans la mesure où le prince ne se vend plus comme un banni qui rentre quand il veut au Maroc, mais comme quelqu’un qui a choisi la voie d’un exil doré. En plus, dans sa biographie, Moulay Hicham n’est plus présenté comme «Research Fellow (chercheur visiteur) en Californie», mais upgradé en «licencié de Princeton et de Stanford, et doctorant à Oxford». Alors que la vérité sur ses diplômes est ailleurs…

L’avant-propos du pamphlet a été également légèrement retouché. Moulay Hicham cherche à étaler son «érudition» et son «tropisme» hispanique: il affirme s’exprimer en «juancarlista» (partisan inconditionnel du régime monarchique espagnol) convaincu que «l’avenir du Maroc dépendra de sa capacité à assumer sa proximité avec l’Espagne dans le cadre d’une communauté de destin». Pour le prince «visionnaire», l’Espagne est à même d’assurer le rôle de «tutrice» ou «gouvernante» pour le royaume, contrairement à ses deux autres partenaires que sont les USA, son pays d’accueil qu’il qualifie naturellement de «patron» et la France qu’il décrit comme une «maîtresse», une volte-face qui en dit long sur son désappointement : son livre n’a pas eu le succès commercial qu’il escomptait dans l’Hexagone.

La fille de l’autre…

Moulay Hicham ne désespère jamais et continue d’investir gros dans la distribution de son livre haineux. A vrai dire, le prince ne regarde jamais à la dépense, lorsqu’il s’agit de dénigrer son pays. Cette version espagnole a été confiée, selon le site d’information «Planeta de Libros», à Elsa Maria Cembrero Bonet, une jeune fille de 23 ans, qui vient tout juste d’obtenir, en 2013, un diplôme en traduction-interpretariat de l’Universitat Pompeu Fabra à Barcelone. Et non, ce n’est pas une prodige de la traduction de «brûlot politique» en langue de Cervantès, mais juste la deuxième fille de Margarita Bonet et du journaliste… Ignacio Cembrero.

Le reporter qui exerce actuellement au quotidien «El Mundo», après son licenciement d’El Pais, où il a effectué une carrière presque trentenaire à donner des leçons aux pays de l’Afrique du Nord, a donc trouvé la couverture idéale: un prête-nom sur mesure pour éviter de se faire griller auprès de son nouvel employeur. Mais cela lui permet surtout de tirer, à son tour, profit de la manne de sponsoring que consacre Moulay Hicham à qui veut bien casser du Maroc sous sa bannière de pseudo dissident.

Car c’est bien Cembrero père qui a négocié ce contrat juteux rapporté par le télégraphiste officiel de Moulay Hicham, en l’occurrence le journaliste marocain Houcine Majdoubi, grandement réputé dans le milieu de la presse pour son avidité à l’égard des finances du prince. Il a d’ailleurs récemment éveillé les soupçons d’Interpol sur les virements faramineux effectués depuis les Etats-Unis qui tombent sur son compte bancaire à Grenade. Pas surprenant quand une source proche de la maison d’édition «Peninsula», nous explique que la traduction en espagnol du «journal d’un prince banni» a été commandée «à un prix cinq fois supérieur à celui qui est usuellement pratiqué sur le marché pour ce genre de traduction». Bien trop coûteux pour le premier gros contrat d’Elsa, la jeune traductrice débutante, mais peut-être le juste prix pour décrocher la signature déguisée de papa Cembrero, le reporter «vertueux» spécialiste du Maroc…

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 23/02/2015 à 19h43